Le 26 février 1793, Pierre-Jean fait une donation entre vifs à son fils Pierre-Jean auprès de Pierre Jean-Baptiste Roucouly, notaire réservé de Meyrueis (Donation Boulet-Boulet). Les termes en sont les suivants :
Le vingt sixième jour du mois de février mil sept cent quatre vingt treize, l’an second de la république française après midi par devant nous notaire de la ville de Meyrueis et présents les témoins bas nommés est présent Pierre Jean Boulet citoyen cultivateur habitant au lieu de Drigas municipalité d’Hures lequel de gré et par l’amitié qu’il porte à Pierre Jean Boulet son fils émancipé ici présent, lui fait donation pure et simple à jamais valable dite entre vifs irrévocable, de tous et chacun ses biens présents, immeubles, noms, voix, droits, raisons et actions présents en quoi que consistent pour en prendre possession dès ce jour, cette donation faite, sous les clauses, charges, conditions et réservations suivantes.
La première de la somme de cent livres argent qui lui sera payée à la Pâques prochaine et dont il lui sera libre de disposer à son gré, la seconde d’une somme de douze cent livres pour la légitime paternelle de chacune de Christine et Marie-Jeanne, ses deux filles payable savoir quatre cent livres à leur mariage ou dans l’an du décès du donateur et le surplus en payements annuels du jour que la première époque aura lieu et de deux cent livres chacun avec l’intérêt depuis le mariage ou décès ou du moment qu’elles quitteront la maison paternelle, plus sept bêtes à laine divisées en trois brebis, un doublon et trois vassieux ou vassières payables dans l’an du décès ou à la consommation du mariage. La troisième d’une somme de sept cent livres pour Rose Boulet sa fille épouse de Joseph Saumade de Drigas en sus de sa constitution dotale supposée qu’elle soit de cinq cent livres et au cas elle n’est … ce qui manquera de cette somme sera complétée et acquise sur le dernier payement et six brebis de port, pareille somme de sept cent livres pour Toinette Boulet épouse de Jean Antoine Bompan aussi en sus de sa constitution de dot et six brebis de port, pareille somme de sept cent livres pour Marie Boulet épouse d’Antoine Avesque du mas de Val aussi en sus de sa constitution de dot payables lesd sommes à chacune desd Rose, Toinette et Marie Boulet, savoir deux cent livres dans l’an du décès du donateur, pareilles sommes les deux années suivantes, et le surplus à pareil jour de l’année d’après et les brebis dans l’année suivante. La quatrième se réserve le donateur tant pour lui que pour Françoise Pratlong son épouse d’être nourri logés, vêtus et entretenus de tout leur nécessaire et en cas de discorde, la pension annuelle et viagère de soixante et douze cartes blé moitié froment et moitié seigle, douze quintaux vin, six livres tabac, cinquante livres chair salée, une brebis grasse à la St Michel de chaque année, une carte sel, vingt livres huile olive, deux chemises et un habit complet pour chacun de trois en trois ans payable lad pension en deux payements égaux le premier du jour de la séparation, la jouissance des appartements de la maison, des meubles meublants et effets à eux nécessaires à son choix, la faculté de prendre du bois au bucher, des raves à la ravière, du jardinage au jardin pour son usage, laquelle pension diminuera de moitié au décès de l’un d’eux. La propriété de douze bêtes à laine divisées en huit brebis et quatre moutons à choisir sur son troupeau, pour en disposer de ce jour à son gré l’obligation de la part du donataire de lui réserver sur les biens donnés six cartes avoine et trois cartes froment, la liberté de faire défricher deux carrés dans les … dépendant des biens donnés et sous toutes lesquelles conditions led Boulet fils a accepté lad donation et en a remercié son père qui déclare que les biens donnés sont de valeur de soixante quinze mille livres, les meubles, deux cent vingt bêtes à laine compris, que les mules et cinq paires de bœufs sont sus, et les dettes passives de celle d’environ trois mille livres sans à ce comprendre le prix de la pension fourrière rachetée au citoyen Nogaret.
De tout quoi nous a requis acte que lui avons concédé fait et passé à Drigas maison du donateur en présence d’Antoine Avesque fils et de Jean Lapeyre cultivateurs habitants dud Drigas soussignés avec lesd Boulet père et fils de ce requis par nous Pierre Jean Baptiste Roucouly notaire réservé dud Meyrueis
On peut faire quelques remarques :
- La valeur des biens est relativement élevée pour l'époque, la famille est d'une classe aisée.
- Dans cette donation, Pierre-Jean père réévalue le montant des dots de ses filles déjà mariées : Rose s'est mariée en 1784, Toinette en 1786 et Marie en 1790. Il y a donc eu enrichissement des Boulet entre 1790 et 1793. Pour quelle(s) raison(s) se sont-ils enrichis à la Révolution ? Affaire à suivre ...