Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Jean Gal
(1771-1849)
Cultivateur, propriétaire foncier et ... mendiant
sosa 66++

Signature jean gal

Le 19 novembre 1771 nait à Nivoliers un petit Jean. Premier enfant de François GAL et de Catherine BENOIT, un couple de cultivateurs plutôt bien installés dans ce village. On peut dire qu'ils faisaient partie des notables. Jean est baptisé le lendemain de sa naissance dans l'église Saint-Privat de Hures. Ses grands-parents étant décédés, c'est son oncle Jean Gal qui était son parrain. Sa marraine était sa tante maternelle Claudine Benoit.

Jean a eu par la suite cinq frères et une soeur. Ainé de la famille et héritier de ses parents, il vit à Hures jusqu'en décembre 1809. On le trouve présent et signataire de nombreux actes dans les registres de la commune. En janvier 1810, à peine un mois plus tard, il est dit domicilié à Saint Drérézy dans l’Hérault où il déclare et reconnait sa fille Marie-Thérèse Victoire, née hors mariage, de Victoire Fages âgée de 18 ans...

Que s'est-il passé ? Je cherche encore à le deviner !

Thérèse "Victoire" Fages
(1791-1866)
sosa 67++

Signature de victoire fages

Marie-Thérèse Victoire est née le 23 octobre 1791 à Hures, a été baptisée le lendemain.  Sa marraine était Marie-Thérèse Fages, sa tante, son parrain un certain Paul Raynal de Mende. Elle est la fille de Paul FAGES et de Jeanne Marie Marthe POURQUERYSes parents, bourgeois installés à Hures, n’auront que quatre enfants. Victoire est la seconde de la famille. Elle perd son père très jeune et sa mère, ne trouvant sa place dans sa belle-famille, retourne vivre chez ses parents. Victoire a été élevée dans la famille de son père, certainement par sa marraine Marie-Thérèse, restée vieille fille.

Les circonstances de leur mariage

Comme on l'a vu plus haut, Jean et Victoire ont eu un premier enfant (qui est d'ailleurs mon ancêtre) en 1810. Il n'étaient pas mariés, scandale pour l'époque. Victoire a certainement été envoyée "loin" pour cacher sa grossesse et Jean l'a rejointe dès la naissance de leur fille. Ils ont une seconde fille née dans les mêmes circonstances en 1812, toujours dans la même région de l'Hérault. Les deux fois, c'est Jean qui déclare les naissances en mairie et reconnait formellement ses enfants. Ils finissent par se marier le 26 novembre 1812 à Montaud, loin des regards de la famille.

Une fois leur union officialisée, les deux tourteraux retournent à Hures où naissent encore sept enfants. Leurs neuf enfants sont donc :

  •      Marianne "Victoire", mon ancêtre, épouse de Pierre-Jean BOULET.
  •     Louise Anne, née le 23 juillet 1812 à Montaud, également avant leur mariage. Elle se marie une première fois avec Jean-Claude CONDAMINE, originaire de Beaucaire, dont elle aura un enfant mort-né en 1851. Veuve en 1861, elle se remarie en 1868 à Nimes avec un tailleur d'habits du Vigan, Jean-Louis CAUSSE, veuf également.
  •      Marie-Sophie, née le 24 novembre 1813, décédée à l'âge de 5 ans.
  •      Marie-Thérèse, née le 14 avril 1815, décédée le 29 avril 1872 à Nimes à l’âge de 57 ans. Elle se marie tardivement, à l’âge de 47 ans, à Nimes, avec Henri Paulin ROUSSET, employé de commerce, âgé de 62 ans. Lors de son mariage, son père est décédé et sa mère habite Saint-Gilles, au sud de Nimes.
  •      Jean Fortuné, né le 14 février 1817, décédé à l'âge de 18 mois.
  •     Marie-Thérèse, née le 7 janvier 1823. Elle s’installe comme couturière à Nimes et s’y marie en 1843 avec Eugène RIVET, cordonnier. Lors de son mariage, ses parents habitent encore Drigas. Elle décède le 7 janvier 1886 à l’âge de 63 ans.
  •       Marie-Adélaïde, née le 23 juin 1825. Elle décède à Nimes la même année que sa mère, le 24 avril 1866. Elle est restée célibataire.
  •       Jean-Fortuné, né le 3 mai 1827, dont je n'ai trouvé aucune autre trace.
  •      Jean-Paul, né le 18 juin 1829, décédé le 9 août 1869, à Toulon, à l'âge de 40 ans. Il s'unit à Nimes avec Victoire HAUDEVILLE en 1847. Lors de son mariage, ses parents habitent Aulas, lui est installé à Nimes comme cordonnier. Lors de son décès, il était calfat à l’arsenal de Toulon.

Jusqu’en 1833 où ils sont présents tous les deux au mariage de leur première fille avec Pierre-Jean Boulet, Jean et Marie-Thérèse sont domiciliés sur Hures. Ils habitent ensuite un temps à Drigas, puis partent vers le Gard. Ils habiteront Aulas, puis, après la mort de Jean, Marie-Thérèse habite Saint-Gilles, puis Nimes où elle est décédée chez sa fille le 8 décembre 1866.

Le mystère de la mort de Jean

Comme on le voit sur son acte de décès, Jean est donc décédé le 18 février 1849 à Aulas. Dans son acte de décès, il est noté "Jean Gal, mendiant de passage, n'ayant aucun domicile réel". Il s'agit bien de lui, et non d'un homonyme, sa date et son lieu de décès ont été rappelés dans l'acte de mariage de sa fille Marie-Thérèse en 1862. Or lors du mariage de leur fils Jean-Paul en 1847, soit juste deux ans plus tôt, les deux époux sont déclarés domiciliés à Aulas, Jean comme cultivateur, Marie-Thérèse sans profession.

Comment est-il passé de cultivateur à "mendiant de passage" ? Et où était sa femme ? Mystère... 

On retrouve sa femme à Nimes où elle semble avoir été recueillie par sa fille Marie-Thérèse, épouse d'Henri Paulin Rousset. Elle est décédée chez eux le 8 décembre 1866, à l'âge de 75 ans.

Leurs actes

Acte de baptême de Jean Gal :

Jean Gal, fils de François Gal et de Catherine benoit mariés de Nivoliers né le dixneuvième novembre mil sept cent soixante et onze et a été baptisé le jour suivant par nous curé soussigné, son parrain a été Jean gal de Drigas son oncle, sa marraine Claudine Benoit sa tante, présents Pierre Dides de Nivoliers signé et Antoine Pratlong d'Hures illiteré. Monnier curé.


Acte de baptême de Victoire Fages :

Thérèse Victoire Fages fille légitime à Paul et à Jeanne Marie Marthe Fabrègues de Pourquery mariés au lieu et paroisse d'Hures, née le 23 octobre mil sept cent nonante un a été baptisée le vingt quatre du susdit, parrain Paul Rainal de Mende, marraine Marie-Thérèse Fages d'Hures, présents Antoine Gal, Antoine Pratlong d'Hures les deux illiterés n'ont su signer de ce requis. Poujol curé.


Leur acte de mariage :

L'an 1812 et le 26ème jour du mois de novembre à 10 heures du matin par devant nous Barthélémy Bompar maire officier de l'état civil de la commune de Montaud département de l'hérault, sont comparus Sr Jean Gal âgé de 40 ans agriculteur habitant depuis un an dans cette commune, fils majeur et légitime de Sr François Gal cultivateur et Catherine Benoit mariés habitant de la commune d'Hures département de la Lozère, d'une part. Et Delle Thérèse Victoire Fages âgée de 22 ans habitante aussi sur cette commune depuis un an, fille majeure et légitime de feus Paul et Marie Jeanne Marthe Fabrerie Pourquoire mariés habitant quand vivoient dans la commune d'Hures arrondissement de Florac département de la Lozère, lesquels nous ont requis de procéder à la célébration dudit mariage projeté entre eux, à ce que le futur époux procède comme personne libre et du consentement de ses père et mère comme il constate par l'acte de procuration à nous exhibé, et la future épouse comme aussi personne libre, ses père, mère et ayeuls décédés, et dont les publications ont été faites le 25 octobre dernier et le 1er du courant à la principale porte de la maison commune, aucune opposition audit mariage ne nous a été signifiée, lesquels nous ont aussi présenté deux enfants du sexe féminin, la première née à la commune de Saibt Drézéry écrite sur l'état civil et la dernière sur cette commune que le futur époux nous a dit être de lui déclarant et de Thérèse Victoire Fages son épouse ici présente, faisant droit à leur réquisition ayant demandé au futur époux et future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Sr Jean Gal et Delle Thérèse Victoire Fages sont unis en mariage, de tout avons dressé acte en présence des Srs François Bompar âgé de 32 ans, tonnelier, Jean Viala instituteur âgé de 40 ans, Joseph Plagniol âgé de 40 ans cultivateur et Claude Crespy âgé de 35 ans aussi cultivateur tous habitant dudit Montaud lesquels ont signé avec le futur époux et la future épouse a dit ne savoir et nous le présent acte après que lecture leur en a été faite.


Acte de décès de Jean Gal :

L'an mil huit cent quarante neuf, le dix huit février à midi, devant nous Casimir Galary Maire officier de l'Etat civil de la commune d'Aulas, canton et arrondissement du Vigan, département du Gard, sont comparus les sieurs Pierre Ségur instituteur agé de vingt quatre ans et Emile Gary instituteur âgé de trente quatre ans demeurant tous deux à Aulas, lesquels nous ont déclaré qu'aujourd'hui à huit heures du matin est décédé dans le domicile de Frédéric Nogarède, cultivateur demeurant dans cette commune, le sieur Jean Gal, mendiant de passage, âgé d'environ septante huit ans, n'ayant aucun domicile réel ; et après nous être assuré du décès nous avons dressé le présent acte que les témoins ont signé avec nous après que lecture leur en a été faite.


Acte de décès de Victoire Fages :

L'an 1866 et le 8 décembre à cinq heures du soir par devant nous Henri Roman, adjoint au maire de Nimes, délégué aux fonctions d'officier de l'état civil, par arrêté du 18 octobre 1865, sont comparus en l'hotel de ville, Paulin Rousset commis négociant âgé de 65 ans et Henri Roubaud serrurier âgé de 47 ans, domiciliés à Nimes, l'un gendre, l'autre non parent de la défunte, lesquels nous ont déclaré que Victoire Fages sans profession, âgée de septante six ans, née à Hures (Lozère) veuve de Jean Gal cultivateur sans autres renseignements, est décédée aujourd'hui à midi dans son domicile audit Nimes, rue des Lombards n° 25, de tout quoi après nous être transporté auprès de la défunte et assuré de son décès, avons dressé et signé le présent acte avec les déclarants de ce requis après lecture faite.

Pour aller plus loin ...

Jean Gal et Victoire Fages, une histoire d'amour ?

Jean Gal et Victoire Fages sont mes sosas 66 et 67. Tous les deux sont originaires du Causse Méjean, lui de Nivoliers, elle de Drigas. Il font partie de mes ancêtres préférés, ceux qui m'ont donné le plus de fil à retordre. Pour l'époque, leur histoire sort de l'ordinaire. Même si je leur ai déjà consacré une page, j'avais envie de les remettre en avant dans ce billet.

Le 03/01/2022

Date de dernière mise à jour : 06/01/2024

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam