A l'orée de la forêt de la Loubière où le Causse de Mende rencontre le Mont-Lozère, en bordure du "grand chemin" qui conduisait les muletiers et leurs mules de Mende à Villefort, Monsieur Seguin avait construit son mas.
Le Mas de Monsieur Seguin : Le Mas-Seguin.
D'autres maisons s'ajoutèrent à la sienne et formèrent le hameau que l'on appelle du nom de son fondateur : Le Mas-Seguin, et puis, le Masseguin. [...]
Monsieur Seguin aurait dû se méfier. Si la forêt voisine s'appelait la Loubière, c'est qu'il devait y avoir des loups, et il y en avait, en effet. Par les nuits d'hiver de glace, on les entendait hurler à la lune. Par les jours de faim, ils venaient gratter jusqu'au seuil des maisons. On racontait que l'un d'eux s'était introduit par le fenestrou d'une souillarde pour y manger les eaux grasses réservées aux cochons; faisant là, parmi chaudrons et casseroles, un tapage de tous les diables.
Monsieur Seguin avait un troupeau de vaches; et par fantaisie, il y avait ajouté une chèvre.
"Ah ! Qu'elle était jolie, la chèvre de Monsieur Seguin, avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient comme une houppelande !"
Et Monsieur Seguin se réjouissait de la voir gambader par les chemins.
La suite de l'histoire, vous la connaissez; on vous l'a racontée quand vous étiez gamin ! [...]
Extrait de "La Lozère du conteur, Roger Lagrave, éditions Gévaudan Cévennes, 1994.