Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Semaine 16 : Ballade sur le Causse

Le 17/04/2022 0

Dans La Lozère

Cette semaine, pas de généalogie mais un retour sur trois villages du Causse Méjean au travers d'une promenade : le triangle Hures - Drigas - le Buffre. Cette petite marche d'une dizaine de kilomètres, nous l'avons effectuée en famille un grand nombre de fois, et par tous les temps ! Elle nous emmène sur les traces des paysans du Causse de jadis, au travers des pâturages bordés de murets, caselles ou jasses caussenardes, des lavognes, ces points d'eau ancestraux nés du savoir faire des bergers, des fermes caussenardes traditionnelles.

Le parcours

Au fil de la marche ...

Tout le long de la ballade, une série de panneaux explicatifs nous plongent dans l'histoire et le patrimoine de la région, au travers de textes et d'illustrations très bien conçus. J'ai reproduit les textes ci-dessous, mais rien ne vaut le fait de les découvrir sur place, entouré du paysage et des fantômes qui le parcourent ...

Sentier 3 villages panneau 1 Sentier 3 villages panneau 2 Sentier 3 villages panneau 3 Sentier 3 villages panneau 4 Sentier 3 villages panneau 5 Sentier 3 villages panneau 6

 

Un parcours entre deux paysages :
Long de 8,5 km, cet itinéraire dessine un triangle au coeur du Causse Méjean, dans une zone de transition entre le causse haut dénudé et le causse boisé, recouvert de pinèdes. Il emprunte de très anciens chemins de communication entre les divers lieux habités de la paroisse de Hures, ainsi qu'une portion de l'antique Camin Ferrat, voie de transhumance et de commerce qui reliait les monts d'Aubrac aux garrigues du Bas-Languedoc.

Ce sentier est dédié à la mémoire de Denis Gal (1946-2012). Propriétaire exploitant au Buffre, Denis Gal fut maire de la commune de hures la Parade de 1983 à 2001. Au cours de ses mandats, il sut, entouré de son conseil municipal, conduire la commune vers le XXIème siècle.

Le village de Drigas :
Ce hameau était autrefois un des principaux écarts de la commune de Hures. Il comptait jadis plusieurs fermes, une laiterie collectant le lait pour les fromageries de Roquefort et une école communale qui a fonctionné jusqu'en 1983. De nos jours (2015), une quarantaine d'habitants vivent à Drigas et quatre exploitations agricoles cultivent son terroir. Le village possède un ensemble de maisons à l'architecture typiquement caussenarde bien conservées. A quelques centaines de mètres à l'ouest du hameau, se trouve une vaste lavanha - mare - ainsi qu'un double puits très ancien. Cité pour la première fois dans un acte de 1460, ce point d'eau fut à l'origine de la fixation de la population sur ce site, dès l'Antiquité sans doute.

Il y a environ 100 millions d'années, les Alpes et les Pyrénées commencent à se mettre en place. Au fond de notre mer prise entre ces deux chaines, les récentes assises calcaires à peine consolidées subissent alors de formidables poussées. Bien que roche dense et rigide, les couches calcaires de grande surface encaissent les plissements ou se fracturent. Sous ces énormes poussées tectoniques, la masse des Grands Causses s'élève progressivement et la mer se retire peu à peu de la région. Il faudra attendre près de 80 millions d'années pour que les causses émergent complètement. A peine sortis de l'eau, ces reliefs subissent l'attaque des éléments. L'eau de pluie se chargeant de gaz carbonique dans l'atmosphère, devient légèrement acide. En traversant le sol, elle dissout des acides humiques formés par les végétaux. Ainsi rendue agressive, elle attaque chimiquement le calcaire et dépose les carbonates qui le composent : c'est la corrosion. Profitant des fractures de la roche, l'eau pénètre à l'intérieur de la pierre qui sous son action, se délite en couches plus ou moins épaisses, se transforme en reliefs ruiniformes ou se désagrège en un sable ocre très fin, appelé brésel en occitan local. Depuis des centaines de millénaires, l'eau, le gel, le vent et les autres agents atmosphériques poursuivent inlassablement ce travail d'érosion...

Le calcaire, matériau de base de l'architecture caussenarde :
Parfaitement adaptés à leur milieu de vie, les caussenards ont toujours su tirer parti des ressources naturelles. Dès la préhistoire, les pierres récoltées en surface, savamment empilées, leur permirent de bâtir leurs cabanes. Au cours de âges, ils acquirent la maitrise de techniques de plus en plus poussées. Le calcaire, dans ses différentes configurations offre de multiples possibilités. Bien équarri en moellons ou en linteaux, il assure l'ossature des constructions. Appareillé avec soin, il permet d'édifier de robustes murailles. Calciné dans des fours spéciaux, il se transforme en chaux qui, gâchée avec le brésel, compose un solide mortier pour jointer et enduire les murs ou rendre étanche les citernes. 

Détaillé en plaquettes extraites de carrières, le calcaire fournit les lauses pour les toitures. Matériau très lourd, ces dalles épaisses de plusieurs centimètres nécessitent une structure porteuse très solides. La rareté du bois d'oeuvre sur les causses empêchait la confection de charpentes suffisamment robustes. Ce problème fut résolu par la construction de voûtements. Employant des techniques datant de la période romane, les batisseurs édifiaient des vaisseaux en arc brisé. Ces voûtes, légèrement pointues, envoient les poussées générées par le poids des lauses dans les murs latéraux très épais et solidement ancrés dans le sol. Une couche de terre et de pierrailles bien tassée recouvre l'extrados du berceau. Les lauses sont posées sur cette structure. N'étant pas scellées, seul leur poids les maintient calées les unes sur les autres. Les dalles les plus grandes sont disposées dans le bas de la toiture, leur dimension se réduisant progressivement au fil de pente du toit. Le faîtage est composé de lauses posées en chevauchement. C'est le seul endroit où elles sont fixées au mortier. De nos jours, perpétuant ces méthodes ancestrales, plusieurs artisans de la régions travaillent régulièrement à rénover ou construire des toits de lauses. 

L'implantation des moines bénédictins :
Fortement peuplés à la fin de l'Antiquité, les causses ont connu un reflux démographique pendant les premiers siècles du Moyen âge. Formant la frontière entre le territoire des Francs, au nord du Tarn et le royaume des Wisigoths, au sud de la Jonte, la causse Méjean connut une grande insécurité et un déclin dus aux affrontements entre ces deux peuples rivaux. Le pouvoir catholique ramena la paix, mais ce n'est qu'au terme de plusieurs décennies d'anarchie que la population reprit un essor. Au milieu du XIème siècle, l'église incita les familles dominantes à léguer de nombreux biens aux grandes abbayes pour racheter leurs fautes. Le terroir d'Ura - Hures - fut alors donné au monastère de Sainte Enimie, filiale de l'abbaye bénédictine du Monastier St Chaffre - Haute Loire -. Les moines fondèrent, près d'une modeste église dédiée à ST Privat, premier évêque du Gévaudan, une petite cella -prieuré  rural. Ce type d'établissement abritait une poignée de religieux qui, aidés de serviteurs laïcs, mettaient en valeur les terres environnantes. Peu à peu la population se fixait autour de ces cellae qui constituèrent souvent l'embryon de nouveaux hameaux. Ainsi naquirent, sur le Causse Méjean, les villages de Hures, Saint-Pierre des Tripiers ou La Parade.

Situées parfois fort loin de la région, les abbayes mères devaient nourrir les dizaines de religieux membres de leur congrégations. A travers un réseau de prieurés secondaires et de cellae, elles investirent peu à peu les contrées d'altitude qui devinrent des zones de transhumance pour leurs troupeaux de moutons. Le lait, transformé en fromages, formait un élément indispensable de l'alimentation monacale. La viande était servie les dimanches et jours de fête. La laine fournissait vêtements et couvertures. La peau donnait le cuir. Le suif était converti en chandelles et savon. Les peaux d'agneau, soigneusement apprêtées devenaient parchemins, précieux support des travaux de copie et d'érudition. Le mouton était donc à la base des ressources monastiques.

Entre abbayes, une rude concurrence se mit en place pour le contrôle de ces territoires. Le prieuré de Hures fit l'objet d'un interminable procès entre l'abbaye du Monastier-St Chaffre et le monastère de St Victor de Marseille qui, par son prieuré de St Martin d'Ayres, près de Meyrueis, en revendiquait la possession. L'abbaye d'Aniane (Hérault), était également implantée sur le Causse Méjean à St Pierre des Tripiers, tandis que celle de Gellone-St Guilhem le Désert (Hérault) possédait plusieurs fermes au Buffre, à Costeguison et las Chanas.

"Pour Dieu et pour le Roy" : la chouannerie caussenarde :
Profondément catholiques et royalistes, la majorité des caussenards s'opposèrent à la Révolution Française. Ils résistèrent farouchement à la campagne de déchristianisation menée pendant la Terreur. De nombreux ecclésiastiques refusant de prêter le serment constitutionnel, se cachèrent sur les causses avec la complicité de la population. Ils y entretinrent un fort sentiment contre-révolutionnaire. Face à la répression républicaine, certains caussenards constituèrent des bandes armées qui menèrent des actions violentes sur les plateaux et dans les vallées environnantes.

Jean MICHEL, dit Ferratou, natif de Drigas, faisait partie d'une de ces troupes. Incorporé de force en 1792 au 1er bataillon des volontaires de la Lozère, affecté à Grenoble, il déserta avec armes et bagages et revint au pays où il entra dans la clandestinité. Il devint le lieutenant de Jean FAGES DES MONS, dit l'Abbé, l'un des chefs de brigands royaliste les plus actifs dans le secteur. Arrêté une première fois, Jean MICHEL s'évada des geoles de Mende. Repris quelques temps plus tard, Ferratou fut condamné à mort et fusillé sur la place du Champ de Mars à Meyrueis, le 19 prairial an II (2 juin 1794). Le calme ne revint pas pour autant et l'insécurité persista plusieurs années encore, malgré la présence de soldat républicains cantonnés à Meyrueis et à Florac.

L'agitation royaliste se poursuivit jusque vers 1800. Les Brigands du Roy s'attaquaient aux biens de riches propriétaires, souvent républicains, protestants et acquéreurs de biens nationaux. Conduite par Jean-Louis SOLIER, dit Sans Peur, ancien chanoine de l'abbaye ND de Bonheur (Camprieu Gard), une des troupes qui écumait la contrée, massacra Antoine PELLET, possesseur du grand domaine de Fretma, à l'est de hures, le 20 prairial an IV (8 juin 1796).

L'omniprésence de la roche calcaire a généré dans la culture caussenarde tout un art de la construction en pierre sèche. Dès la préhistoire, les premiers occupants du plateau ont érigé des mégalithes et ont construit d'imposants tumulus (éminence artificielle de pierres) au dessus de leurs sépultures. En bordure des cultures, les clapas (tas de cailloux) stockent les blocs retirés du sol après les labours. Ils peuvent atteindre des proportions considérables. En gardant leurs troupeaux, les bergers ramassaient patiemment les cailloux pour édifier des paredous (murettes) délimitant les parcelles. Pour se protéger des intempéries et notamment du vent froid, pendant la surveillance de leur cheptel, ils érigeaient des caselles (maisonnettes). De dimensions réduites, es abris étaient construits entièrement en pierre sèche. De faible hauteur, ils étaient couverts d'une voute selon le principe de l'encorbellement. Chaque rang de lauses déborde vers l'intérieur sur le précédent. Le couvert se termine par une lourde plaque, qui obture complètement le trou sommital et stabilise par son poids tout l'ensemble de la construction. La datation de ces édifices est extrêmement difficile car les techniques se sont perpétuées sans évolution notable tout au long des siècles.

Cueillette et chasse : l'art d'utiliser les ressources du milieu
Malgré la rudesse du climat et l'aridité des sols, les causses disposent de ressources naturelles que les caussenards ont appris à exploiter. Les végétaux leur ont fourni, au cours des siècles, diverses opportunités. Suivant les saisons, différentes plantes ou fruits sauvages venaient compléter et agrémenter l'ordinaire, souvent basés sur les choux, les pommes de terre et autres raves cultivés dans les jardins. Ainsi, à la fin de l'hiver, les pissenlits et les salades sauvages annonçaient le retour des beaux jours. Plus tard sur le printemps, le coeur des jeunes cardabelles, finement émincé, était consommé en vinaigrette. Les pluies d'automne ouvrent le temps des champignons. Le délicieux aourelheto (pleurote de panicaut) pousse entre les pierres, alors que sous les pins les roselhous (lactaires délicieux) le disputent aux grisets (Tricholome terreux). Cuisinés en frais, séchés ou conservés dans un mélange d'huile et de vinaigre, ces champignons accompagnent les repas de fête des caussenards tout au long de la mauvaise saison. Enfin, après les premières gelées, les gratte-culs (cynorhodons-églantiers) procurent de délicieuses confitures tandis que les baies de cade (genièvre) récoltées et séchées parfumeront daubes et rôtis.

La chasse, distraction pour les hommes, était également une source de revenus. Le lièvre et le perdreau constituaient un mets de fête, souvent partagé entre amis. Les lapins, parfois chassés à l'aide de furets, apportaient un peu de variété dans les menus, surtout fournis en porc et en volaille. Enfin, la chasse aux grives tient une place à part. La tendello (piège), faite d'une lause calée en position oblique par trois batonnets est appâtée par quelques baies de genièvre. La grive, victime de sa gourmandise, détruit cet équilibre instable et se fait prendre ... Très appréciés, ces oiseaux étaient souvent vendus dans les maisons cossues et les restaurants de la contrée, procurant ainsi aux caussenards un complément re revenus non négligeable. D'origine immémoriale, cette chasse, de nos jours sévèrement encadrée, est encore pratiquée par quelques personnes en dépit de la raréfaction de ce gibier.

Depuis des millénaires, les hautes terres de la Lozère entretiennent de multiples échanges avec les plaines du bas-Languedoc. D'origine antique, des chemins empierrés, voire caladés (pavés) sur les secteurs en pente, dénommés camin-ferrat (chemin ferré, revêtu) permettaient les déplacements des homes et des bêtes ainsi que le transit des marchandises.
A chaque fin de printemps, les troupeaux ovins transhumants quittaient les garrigues du Languedoc pour gagner les herbages de l'Aubrac et de la Margeride. En septembre, ce cheptel, grossi des agneaux nés pendant l'été, faisait le parcours inverse. Encadrés par de nombreux pastres (bergers) aidés de chiens ; dirigés par un bayle (maitre berger) à l'autorité incontestée, ces milliers de brebis ornées de plumets (pompons de laine multicolores) et de coulas (colliers de bois et sonnailles en cuivre) suivaient pendant plusieurs jours des itinéraires immémoriaux, les drailles.
Le passage de ces troupeaux générait souvent des frictions avec la population autochtone. Les dégats causés par l'incursion des brebis transhumantes dans les cultures, la poussière soulevée par le piétinement et la surconsommation de l'eau, si précieuse sur les causses étaient source de conflits. Pour compenser ces dommages, une taxe, appelée droit de pulvérage, était levée par les seigneuries traversées. Elle était perçue par plusieurs péages échelonnés sur le parcours.
Les mêmes pistes étaient empruntées par de nombreuses coublos. Ces caravanes de plusieurs dizaines de mulets descendaient des céréales, des fromages ou des draps de laine vers les villes du sud et ramenaient vers le Massif Central du vin, du sel, de l'huile d'olive ainsi que certains produits exotiques arrivés par les ports de la Méditerranée. Les rafardiers (muletiers) étaient de véritables entrepreneurs de transport qui travaillaient pour le compte de négociants (marchands grossistes) installés dans les villes. Ils effectuaient des services réguliers entre l'Auvergne, le Gévaudan et le Languedoc. Propriétaires de leurs coublos, ils mettaient un point d'honneur à présenter des bêtes solides et en bon état sanitaire. Attelés à la sarrasine (en file indienne) reliés par une longue courroie de cuir, chaque mulet portait une charge d'environ 120 kg de marchandises. Un soin particulier était porté à l'harnachement. Bâts et harnais soigneusement entretenus, étaient décorés de plumets aux couleurs vives et d'étincelants solelhs (disques de cuivre) gravés de devises populaires. Des batteries de cascavels (gros grelots) suspendus aux brides, rythmaient la marche et prévenaient les villageois de l'arrivée de la troupe. Ils étaient aussi censés éloigner les loups, toujours à l'affut le long des drailles ...

Le chemin de Saint Guilhem
A l'époque médiévale, âge d'or des pélérinages, les croyants faisaient de longs périples pour aller révérer les lieux saints et les reliques. L'abbaye de Gellone (St Guilhem le Désert - Hérault) était l'un des centres majeurs de ces dévotions. Outre le tombeau de Saint Guilhem d'Aquitaine, cousin et compagnon d'armes de Charlemagne devenu moine, on y révèrait un "précieux morceau de la Sainte Vraie Croix" offert à Guilhem par l'empereur bysantin, Constantin IV. Chaque année, lors des fêtes de la Sainte croix, le 3 mai et le 14 septembre, des foules de fidèles convergeaient vers le monastère.
Partis d'Auvergne, les pélerins suivaient le camin ferrat. Après avoir prié dans l'ermitage de Ste Enimie, ils traversaient le causse Méjean, l'Aigoual et les Cévennes, avant d'arriver à Gellone. Ensuite, certains poursuivaient leur pérégrination vers Saint Gilles du Gard, Rome et Jérusalem. La croix du Buffre permettait aux romieux (pélerins) de se recueillir. Son socle, sculpté au XIIème siècle représente deux pélerins vêtus de tuniques, porteurs de bâtons surmontés de croix. Un senhadou (bénitier) en forme de visage humain contenait de l'eau bénite pour se signer. La croix portant un Christ très frustre, a sans doute été refaite au XVIIIème siècle. Ce monument (inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques) à la fois rustique et élégant est le plus ancien calvaire conservé dans la régions des Causses.

Sur le causse, les premières traces de chasseurs nomades remontent à la période entre 80 000 et 35 000 ans avant notre ère. Entre 10 000 et 6 000 avant JC, des groupes de trappeurs et de cueilleurs s'installent en permanence dans la contrée.
De -6000 à -4400, les premiers paysans sédentarisés cultivent des céréales et des légumineuses, tout en continuant de chasser. Puis ils font des défrichements pour étendre leurs cultures et domestiquent le mouton. La majeure partie de la population d'alors possède un habitat permanent dans des grottes des gorges, mais commencent à s'installer progressivement sur les causses. Attestés par des trouvailles archéologiques, les premiers échanges débutent avec d'autres régions (Alpes, Provence, Sardaigne).
Au millénaire suivant (-3600/-3100), les caussenards édifient de nombreux mégalithes : le Causse Méjean recèle plus de 100 menhirs et dolmens. Ces pierres dressées balisent le paysage, tandis que les dolmens abritent les sépultures.
Entre -3100 et -1500 apparait la métallurgie de cuivre puis de bronze. Les premiers balbutiements de la chirurgie permettent certaines opérations délicates. On a retrouvé dans des grottes, des dizaines de crânes trépanés avec succès. A la fin de cette époque, délaissant peu à peu les cavités des gorges, une bonne partie de la population s'établit de façon définitive sur les plateaux.
Vers -750, des habitats s'édifient sur des lieux élevés, en bordure de causse. Etablis sur un cap barré, éperon bordé de falaises, ces hameau de quelques cabanes, s'abritaient derrière une solide palissade, assise sur un remblai.
Au centre du causse, près des voies de circulation, les homme de l'âge du fer créent des agglomérations plus importantes. Ces véritables cités, protégées par un rempart de pierres sèches sont appelées en occitan rodo (roue) en raison de leur tracé circulaire. Quatre de ces enceintes sont aujourd'hui bien visibles : ici à Drigas, à Saint Côme (Mas Saint Chély), au Montbuisson (St Pierre des Tripiers) et à la Rodo de la Retournade (Hures la Parade).
Leurs habitants se livrent à l'agriculture, l'élevage et le commerce. Les débris de céramique d'origine grecque (Phocée et Marseille), quelques monnaies et autres vestiges retrouvés en divers endroits du causse témoignent d'échanges réguliers avec le monde Méditerranéen.
Vers le 4ème siècle avant JC, venant d'Europe Centrale, des tribus celtes prennent peu à peu le contrôle du pays. Les Gabales occupent le Causse Méjean ; les Ruthènes le Causse Noir et les Volques Arécomiques le massif de l'Aigoual. Ces derniers, proches des Ibères et des Massaliotes, se fédèrent avec Rome dès 122 av JC, puis s'allient avec Jules César lors de la conquête de la Gaule (52 av JC). La romanisation gagnera l'ensemble des Causses par leur entremise.

L'enceinte protohistorique de la Rodo de Drigas
Edifiée sur une crête, à 1107 m d'altitude, la Rodo présente une enceinte elliptique de 150 x 115 mètres. Un épais rempart de pierres sèches doublé d'un fossé délimitait un vaste espace. Percée par deux portes, cette murailles atteignait 4 mètres de haut. Sur son pourtour intérieur s'adossait des cabanes quadrangulaires, équipées d'un foyer. Le centre de l'enclos, libre de toute construction, servait sans doute de place publique et de parc pour le bétail.
Au nord, hors du village, les défunts étaient inhumés sous des tumulus de pierres. Au pied nord ouest de la colline, une source assurait l'approvisionnement en eau. La Rodo a été habitée de façon ininterrompue de 750 av JC jusqu'au 2ème siècle de notre ère.

Balade des 3 hameaux du Méjean.wmv

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