L'implantation des moines bénédictins :
Fortement peuplés à la fin de l'Antiquité, les causses ont connu un reflux démographique pendant les premiers siècles du Moyen âge. Formant la frontière entre le territoire des Francs, au nord du Tarn et le royaume des Wisigoths, au sud de la Jonte, la causse Méjean connut une grande insécurité et un déclin dus aux affrontements entre ces deux peuples rivaux. Le pouvoir catholique ramena la paix, mais ce n'est qu'au terme de plusieurs décennies d'anarchie que la population reprit un essor. Au milieu du XIème siècle, l'église incita les familles dominantes à léguer de nombreux biens aux grandes abbayes pour racheter leurs fautes. Le terroir d'Ura - Hures - fut alors donné au monastère de Sainte Enimie, filiale de l'abbaye bénédictine du Monastier St Chaffre - Haute Loire -. Les moines fondèrent, près d'une modeste église dédiée à ST Privat, premier évêque du Gévaudan, une petite cella -prieuré rural. Ce type d'établissement abritait une poignée de religieux qui, aidés de serviteurs laïcs, mettaient en valeur les terres environnantes. Peu à peu la population se fixait autour de ces cellae qui constituèrent souvent l'embryon de nouveaux hameaux. Ainsi naquirent, sur le Causse Méjean, les villages de Hures, Saint-Pierre des Tripiers ou La Parade.
Situées parfois fort loin de la région, les abbayes mères devaient nourrir les dizaines de religieux membres de leur congrégations. A travers un réseau de prieurés secondaires et de cellae, elles investirent peu à peu les contrées d'altitude qui devinrent des zones de transhumance pour leurs troupeaux de moutons. Le lait, transformé en fromages, formait un élément indispensable de l'alimentation monacale. La viande était servie les dimanches et jours de fête. La laine fournissait vêtements et couvertures. La peau donnait le cuir. Le suif était converti en chandelles et savon. Les peaux d'agneau, soigneusement apprêtées devenaient parchemins, précieux support des travaux de copie et d'érudition. Le mouton était donc à la base des ressources monastiques.
Entre abbayes, une rude concurrence se mit en place pour le contrôle de ces territoires. Le prieuré de Hures fit l'objet d'un interminable procès entre l'abbaye du Monastier-St Chaffre et le monastère de St Victor de Marseille qui, par son prieuré de St Martin d'Ayres, près de Meyrueis, en revendiquait la possession. L'abbaye d'Aniane (Hérault), était également implantée sur le Causse Méjean à St Pierre des Tripiers, tandis que celle de Gellone-St Guilhem le Désert (Hérault) possédait plusieurs fermes au Buffre, à Costeguison et las Chanas.
"Pour Dieu et pour le Roy" : la chouannerie caussenarde :
Profondément catholiques et royalistes, la majorité des caussenards s'opposèrent à la Révolution Française. Ils résistèrent farouchement à la campagne de déchristianisation menée pendant la Terreur. De nombreux ecclésiastiques refusant de prêter le serment constitutionnel, se cachèrent sur les causses avec la complicité de la population. Ils y entretinrent un fort sentiment contre-révolutionnaire. Face à la répression républicaine, certains caussenards constituèrent des bandes armées qui menèrent des actions violentes sur les plateaux et dans les vallées environnantes.
Jean MICHEL, dit Ferratou, natif de Drigas, faisait partie d'une de ces troupes. Incorporé de force en 1792 au 1er bataillon des volontaires de la Lozère, affecté à Grenoble, il déserta avec armes et bagages et revint au pays où il entra dans la clandestinité. Il devint le lieutenant de Jean FAGES DES MONS, dit l'Abbé, l'un des chefs de brigands royaliste les plus actifs dans le secteur. Arrêté une première fois, Jean MICHEL s'évada des geoles de Mende. Repris quelques temps plus tard, Ferratou fut condamné à mort et fusillé sur la place du Champ de Mars à Meyrueis, le 19 prairial an II (2 juin 1794). Le calme ne revint pas pour autant et l'insécurité persista plusieurs années encore, malgré la présence de soldat républicains cantonnés à Meyrueis et à Florac.
L'agitation royaliste se poursuivit jusque vers 1800. Les Brigands du Roy s'attaquaient aux biens de riches propriétaires, souvent républicains, protestants et acquéreurs de biens nationaux. Conduite par Jean-Louis SOLIER, dit Sans Peur, ancien chanoine de l'abbaye ND de Bonheur (Camprieu Gard), une des troupes qui écumait la contrée, massacra Antoine PELLET, possesseur du grand domaine de Fretma, à l'est de hures, le 20 prairial an IV (8 juin 1796).