Liberté - Article du 30 juillet 2016
A 97 ans, Blanche Boulet, secouriste après le D-Day retourne près de Caen au poste de secours
Blanche Boulet dite « Blanchette », 97 ans, est revenue dans la maison qui a servi de poste de secours suite au Débarquement située au 8, rue Gambetta à Ouistreham.
Blanche Boulet dite « Blanchette », a vécu 63 jours auprès d’un médecin et d’une autre secouriste dans la maison « L’accalmie » qui a servi de poste de secours suite au Débarquement située au 8, rue Gambetta à Ouistreham. L’Accalmie est ornée d’une plaque commémorative depuis la commémoration du 60e D-Day.
Blanche a la mémoire intacte et livre avec émotion ce qu’elle a vécu pendant 63 jours dans cette maison. Durant la guerre, il était prévu qu’un poste de secours soit construit pour le Dr Charles Poullain, âgé de 73 en 1944. Le 1er poste tout équipé se situait près des écoles actuelles. Bombardé et donc détruit, il a fallu réquisitionner une maison : « L’accalmie » fut alors choisie. Son objectif était de recevoir les soldats blessés et aussi les civils. Le Dr Charles Poullain de Ouistreham, avait avec lui deux secouristes dont Blanche Boulet qui travaillait en boulangerie et Paule Gérandier. Toutes deux ont aidé pendant 63 jours le Dr.
Il a fallu tenir le choc en soignant tous ces grands blessés.
Blanche est revenue dans cette maison récemment : « ça fait 72 ans que je n’ai pas dormi dans cette maison et ce matin au réveil, j’ai vu encore les brancardiers arriver ».
Blanche est née à Ouistreham près du cinéma Le Cabieu. Son père était marin pêcheur. Blanche s’est mariée avec un Lyonnais et vit depuis à Lyon.
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a le plus marqué, Blanche explique : « J’ai des souvenirs très émouvants. Quand je suis arrivée dans la maison il était 6 h 30 ce 6 juin 1944. Après les bombardements du port ou nous avons eu 23 morts, 18 grands blessés sont arrivés par nos brancardiers. Pour tous ces hommes soldats et civils aussi, devant ces affreuses plaies de guerre, c’était très dur pour nous, et nous n’étions que 2 secouristes les autres ayant fui Ouistreham. Nous avons eu un blessé mort de la gangrène et le Dr Poullain craignait que tous les autres y passent. Devant ce cauchemar, j’ai eu une crise de larmes. Le Dr savait que j’avais besoin de pleurer. Ce qui était dur, c’est que la plupart étaient des gens que je connaissais et voir toute une famille décimée me faisait souvent craquer. Nous étions de plus isolés puisque Caen n’avait été libéré que le 19 juin. Un médecin anglais est venu et a emmené les grands blessés en Angleterre sur un bateau Hôpital. Nous gardions seulement les blessés légers. »
Un message de paix
Aujourd’hui Blanche livre un message de Paix : « Quand on voit toutes les atrocités et tous ces cimetières de soldats, tant de sang coulé, tant de larmes versées par les mères et partout ces jeunes qui partaient et qui étaient encore des gamins pour la plupart. Mon espoir c’est que cela dure et qu’on ne revoit plus ces guerres. Malheureusement il y en a d’autres ailleurs différentes. »