L'ordre de relève parvient le 15 mai. A cette date, les troupes françaises occupent le plateau du Chemin des Dames et ont des vues sur toute la vallée de l'Ailette. En maints endroits, les tranchées de première ligne suivent le rebord septentrional du plateau. La situation est avantageuse au point de vue de l'observation, fort gênante pour l'artillerie, laquelle éprouve de grandes difficultés à battre les contre-pentes.
Les troupes à relever occupent, par deux bataillons : la ferme Hurtebise jusqu'à 400 mètres environ à l'est de cette ferme (bataillon A), le monument d'Hurtebise et l'éperon situé entre le monument et la ferme (bataillon B)
Opérations du 22 mai : (Le jour où Noël a été tué)
Ordre est donné au commandant du quartier de reprendre avec un peloton l'élément de tranchée R Y, en liaison avec un peloton de gauche (140e RI), qui doit enlever l'élément X Y, et, en profitant de l'attaque d'une division française sur le plateau de Californie (à l'est de la ferme d'Hurtebise). Une préparation doit être faite par du 58 dont l'emplacement est au "Trou d'Enfer". L'artillerie de tranchée doit battre, en particulier, la grotte du Dragon. On est prévenu de l'existence possible, dans cette région, d'orifices pouvant communiquer avec cette grotte. Il est rappelé qu'à plusieurs reprises, depuis le 16 avril, l'ennemi a pu déboucher en arrière de notre première ligne par de tels orifices non reconnus et non gardés.
Vers 10 heures, il est observé que le tir du 58 n'est pas dirigé exactement sur l'entrée de la grotte. Quelques torpilles effleurent nos propres tranchées, mais n'atteignent pas les objectifs assignés. [...]
A 13 heures, le colonel reçoit notification de l'heure de l'attaque (16h20). Il rend compte à 13h30 de la préparation manquée et demande l'intervention de l'artillerie lourde. La préparation demandée n'a pas lieu.
Exécutant malgré tout l'ordre donné, l'officier en tête, et quelques fusiliers mitrailleurs et grenadiers se portent en avant. Au delà des points G et H le terrain est à découvert, tout homme qui s'y engage est frappé. L'officier et quelques braves paient de leur vie cette expérience ; l'objectif ne peut être atteint.
Historique du 75e Régiment d'infanterie