Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Q comme Noël QUINTIN de Chanac

Le 19/11/2022 0

Dans La Lozère

Le nom de Quintin arrive en 208ème position parmi les 1 000 noms les plus portés en Lozère... et le premier commençant par la lettre du jour !
Nous partons donc pour Chanac, bourg situé sur un éperon rocheux entre la vallée d'Olt et le causse de Sauveterre, où vivait la famille Quintin au début du 20ème siècle.

Chanac (AD48)

Louis Auguste Noël Quintin est le cinquième enfant et le premier garçon de Jean Noé et Emma Martin, cultivateurs à Chanac. Il est né le jour de Noël 1896 , ce qui lui a valu son prénom. Il y eut après lui un frère, Victor Emile, et deux autres enfants morts en bas-âge.

Lors de la déclaration de guerre, Noël n'avait que 18 ans. Il est incorporé le 13 avril 1915 au 81ème RI puis passe au 75ème RI en août 1916. Il a été tué pendant un des combats de la Ferme de Hurtebise, sur le Chemin des Dames, le 22 mai 1917. Il avait 20 ans ...

Son petit frère, Victor Emile, né en 1899, incorporé dès 1918, à la fin de la guerre, a eu un parcours militaire assez complet (voir sa fiche matricule). Il est passé par des régiments de hussards, de cuirassiers, de dragons, des escadrons du train. Il a également participé à la seonde guerre. Il était marchand de primeurs à Toulouse et est décédé en 1974.

La ferme de Hurtebise


La ferme d'Hurtebise située sur une crête à l'est du plateau du chemin des Dames, a été le lieu de très violents combats. De la ferme, la vue porte au lointain sur les vallées de l'Ailette, et sur celle de l'Aisne, ce qui en fait un lieu stratégique.
Déjà en 1814, le 7 Mars, les troupes Napoléoniennes affrontent les Russes sur le plateau du Chemin des Dames, à Craonne, et la ferme d'Hurtebise est détruite. 

En 1914, en Août et jusqu'en Septembre les troupes se déplacent sur de grandes distances, traversent la campagne, les villages, les villes. De nombreux civils se retrouvent au coeur des combats. C'est ce qui arrive aux habitants de la ferme d'Hurtebise :  la famille Adam qui refuse de quitter la ferme, et qui se réfugie dans la cave. Durant six jours, les combats font rage. Le bétail est tué par les flammes et les bâtiments sont incendiés par les bombes.
A proximité de la ferme, le monument des Marie-Louise rend hommage aux combattants Napoléoniens, et aux bleuets de 1914. 

Hurtebise img 3133

La journée du 22 mai 1917

L'ordre de relève parvient le 15 mai. A cette date, les troupes françaises occupent le plateau du Chemin des Dames et ont des vues sur toute la vallée de l'Ailette. En maints endroits, les tranchées de première ligne suivent le rebord septentrional du plateau. La situation est avantageuse au point de vue de l'observation, fort gênante pour l'artillerie, laquelle éprouve de grandes difficultés à battre les contre-pentes.

Les troupes à relever occupent, par deux bataillons : la ferme Hurtebise jusqu'à 400 mètres environ à l'est de cette ferme (bataillon A), le monument d'Hurtebise et l'éperon situé entre le monument et la ferme (bataillon B)

Opérations du 22 mai : (Le jour où Noël a été tué)
Ordre est donné au commandant du quartier de reprendre avec un peloton l'élément de tranchée R Y, en liaison avec un peloton de gauche (140e RI), qui doit enlever l'élément X Y, et, en profitant de l'attaque d'une division française sur le plateau de Californie (à l'est de la ferme d'Hurtebise). Une préparation doit être faite par du 58 dont l'emplacement est au "Trou d'Enfer". L'artillerie de tranchée doit battre, en particulier, la grotte du Dragon. On est prévenu de l'existence possible, dans cette région, d'orifices pouvant communiquer avec cette grotte. Il est rappelé qu'à plusieurs reprises, depuis le 16 avril, l'ennemi a pu déboucher en arrière de notre première ligne par de tels orifices non reconnus et non gardés.

Vers 10 heures, il est observé que le tir du 58 n'est pas dirigé exactement sur l'entrée de la grotte. Quelques torpilles effleurent nos propres tranchées, mais n'atteignent pas les objectifs assignés. [...]
A 13 heures, le colonel reçoit notification de l'heure de l'attaque (16h20). Il rend compte à 13h30 de la préparation manquée et demande l'intervention de l'artillerie lourde. La préparation demandée n'a pas lieu.
Exécutant malgré tout l'ordre donné, l'officier en tête, et quelques fusiliers mitrailleurs et grenadiers se portent en avant. Au delà des points G et H le terrain est à découvert, tout homme qui s'y engage est frappé.
L'officier et quelques braves paient de leur vie cette expérience ; l'objectif ne peut être atteint.

Historique du 75e Régiment d'infanterie

Sources

La ferme d'Hurtebise par Eric Lemaire

France 3 Bourgogne Franche Comté : La ferme d'Hurtebise et ses occupants

Conseil départemental de l'Aisne : Hurtebise, la ferme, ses batailles.

Historique du 75e Régiment d'infanterie (ci-contre) : l'affaire d'Hurtebise est racontée à partir de la page 78.

Les noms de famille en Lozère, Marie Odile Mergnac, Archives et Culture, 2010

 

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