Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Peyrebeille

Le 19/11/2024 1

Dans La Lozère

L'auberge de Peyrebeille, plus connue sous le nom d'Auberge Rouge, est apparue dans ma base de données en épluchant les écrits de l'abbé Achille Foulquier. Un des sacristains de Saint-Préjet-du Tarn y a eu la peur de sa vie ...

Un bref rappel du contexte

L'auberge de Peyrebeille est située sur la commune de Lanarce, en Ardèche. Elle se trouve à environ 5 km du bourg, à la limite des communes de Issanlas et Lavillatte, sur la N102, au croisement de la D16, à près de 1 365 m d'altitude, sur un plateau balayé par la burle.
Elle est plus connue sous le nom de « l'Auberge rouge ».

Au cours du XIXe siècle, elle fut le lieu d'une affaire criminelle, dite « l'affaire de l'Auberge rouge », qui, en raison du contexte politique de l'époque, prit des proportions incroyables. Ainsi en est-on arrivé à prétendre qu'elle avait été le théâtre d'une cinquantaine de meurtres, de nombreux vols et de méfaits en tout genre. Les tenanciers de l'établissement, les époux Martin et leur valet Jean Rochette, furent condamnés à mort et guillotinés. Toutefois seule la mort d'un client, Jean-Antoine Enjolras, est clairement établie. Par ailleurs son cadavre a été retrouvé dans la campagne environnante et rien ne prouve qu'il ait été tué à l'auberge.

L'affaire de l'Auberge Rouge a inspirée des réalisateurs, des écrivains et autres :

  • L'Auberge rouge de Claude Autant-Lara (1951), avec Fernandel dans le rôle du moine et Françoise Rosay et Julien Carette dans celui des aubergistes.

  • L'Auberge rouge de Gérard Krawczyk (2007), avec Gérard Jugnot (le prêtre) et Josiane Balasko et Christian Clavier (les aubergistes).

  • « L'affaire de l'Auberge rouge » le 31 décembre 2015 dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL

    « L'affaire de l'Auberge rouge » le 1er décembre 2017 dans Hondelatte raconte sur Europe 1

Plus de précisions sur Article Auberge de Peyrebeille de Wikipédia en français (auteurs)

Quelques écrits sur l'auberge ...

Le seul nom de Peyrebeille sur les moteurs de recherches renvoie à des centaines de résultats : 347 sur Gallica, 314 sur Retronews et d'innombrables pages sur les principaux moteurs de recherches !

PeyrebeilleA noter un écho de presse "La légende de l'auberge rouge" sur Retronews synthétisant et résumant les principaux faits de cette histoire.

Ci-contre : Le coupe gorge : histoire de l'auberge de Peyrabeille d'après des documents inédits et authentiques et les souvenirs des contemporains (1886) par Paul Albigny (document numérisé sur Gallica)

 

 

Notre histoire

Notre histoire nous emmène pas très loin de l'Ardèche, à Saint-Préjet, petit village des Gorges du Tarn ...

Pierre Pascal est alors prêtre et curé de Saint-Préjet. Il est en poste dans ce village depuis longtemps, D'abord vicaire en 1787, il a pris la succession du curé d'alors après la Révolution, lorsque l'âge et l'état de santé de ce dernier ne lui ont plus permis d'exercer son ministère. C'est dire qu'il était apprécié par la population d'alors, d'autant qu'il avait été, lors de ces périodes troubles, plutôt du côté des contre-révolutionnaires, chose appréciée dans ces gorges.

M. Pascal avait comme sacristain Casimir Costecalde (1774-1832). Ce dernier était cultivateur aux Vignes, marié et père de famille. A l'époque des faits racontés plus bas, il avait une trentaine d'années. 

Mais laissons la parole à l'abbé Achille Foulquier, qui raconte cette anecdote dans son ouvrage : Monographie de Saint-Préjet (1908)

Saint prejet du tarn

Vers 1810, M. Pascal ayant une affaire d'intérêt à traiter du côté du Puy, délégua pour cette négociation son fidèle sacristain, Casimir Costecalde, dit "Casou" des Vignes. Celui-ci se mit en route vers Langogne. L'auberge sanglante de Peyrebeille, si célèbre depuis dans les annales du crime, se trouvait sur son chemin. Casou y arriva de nuit et voulut y coucher. Tandis qu'il prenait une légère réfection, il entendit tout à coup un gémissement sourd venant d'une pièce inférieure. Étonné, il s'enquit auprès de l'hôtesse de ce que c'était. Marie Breysse lui répondit d'un ton sec : "Est-ce-que je le sais ?". Là-dessus entrèrent Pierre martin et Jean Rochette qui le reluquèrent sans mot dire. C'en fut assez pour donner la chair de poule à notre homme. Il ne doute plus qu'il a devant lui des assassins et il se croit perdu s'il passe la nuit dans l'auberge. Mais comment s'échapper ? Il se sent surveillé ; impossible de fuir.
Que deviendra-t-il ? Il se compose de son mieux et demande bientôt sa chambre, disant qu'il est très fatigué. L'hôtesse l'y conduit, portant devant elle une lampe fumeuse. Casou se déchausse en sa présence et prenant prestement ses souliers à la main, il demande à sortir, pressé qu'il est, dit-il, par un besoin naturel. La mégère s'y laisse prendre. Elle tire le verrou de la grand'porte. Casou sort, et se voyant libre, court éperdument à travers champs. Il ne s'arrête que lorsqu'il estime avoir échappé à toute poursuite. Il avise alors un gros gerbier (c'était le temps des moissons), en tire deux ou trois gerbes et s'allonge à la place. Il n'en pouvait du reste plus et ses pieds étaient en sang.
Le lendemain, le maitre du gerbier le surprit dans ce lit improvisé. Casou lui raconta son aventure. Le paysan y crut sans peine, et, emmenant chez lui l'intéressant voyageur, le traita comme un frère, en lui recommandant de ne point signaler son cas à la justice afin de s'éviter des ennuis, la réputation des aubergistes de Peyreleille étant fort bonne auprès des pouvoirs publics et des personnes influentes du pays.
Casou prit congé de son hôte après l'avoir vivement remercié de sa bonté et lui avoir promis de suivre ses conseils.

Cette histoire, provenant certainement de la tradition orale du village, est-elle véridique ? Dans les écrits trouvés sur différents ouvrages, l'auberge des Martin fut achevée en 1808. Elle ouvrit ses portes à peu près à cette période. Si l'histoire de "Casou" date des alentours de 1810, cela voudrait dire que les activités criminelles des Martin auraient commencées dès l'ouverture de l'auberge et se seraient pousuivies impunément pendant plus de 20 ans ... Ce que semblent attester les différents récits de l'époque. Mais on trouve également des historiens mentionnant "L'affaire de l'Auberge Rouge" comme la plus grande erreur judiciaire du 19ème siècle ...

Alors, vérité ou légende ... Mystère !

 

2 votes. Moyenne 5 sur 5.

Commentaires

  • Stéphane

    1 Stéphane Le 20/11/2024

    Je connaissais de nom l'auberge rouge et de mémoire j'ai vu le film avec Fernandel dans ma jeunesse mais je ne n'en gardais pas plus de souvenirs. Au moins ils sont rafraîchis maintenant

Ajouter un commentaire

Anti-spam