Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Les martyrs de la Malène (Episode 1 : l'arrestation)

Le 20/12/2021 0

Dans La Lozère

Le contexte historique

Nous connaissons tous l'état de la France en 1793. C'était le temps de la Terreur, de la persécution, des délations, des déportations, des échafauds, de la tuerie sous toutes ses formes de citoyens par des citoyens. Bientôt, une partie de la population s'insurge contre la constitution civile du clergé, contre le serment constitutionnel des prêtres, mais également contre les levées militaires destinées à renforcer les armées révolutionnaires.

Le mouvement, démarré dans l'ouest de la France, gagne bientôt la Lozère, dont une partie de la population, profondément catholique, bascula dans la contre-révolution.

Marc Antoine Charrier

Marc-Antoine Charrier, né le 25 juillet 1755 à Nasbinals et mort guillotiné à Rodez le 17 juillet 1793, était notaire royal. Il fut surtout élu du tiers état du Gévaudan à l'assemblée nationale de 1789, et un contre-révolutionnaire, qui mena une insurrection dans le pays du Gévaudan.

Le vachez collection Marc Antoine Charrier (1755-1793)


Marc-Antoine Charrier était le fils d'un avocat, et a suivi des études de droit. Lors des Etats Généraux de 1789, c'est lui qui est élu pour représenter le tiers état. Fervent catholique, il est très attaché à la monarchie et s'oppose aux idées des Lumières.

En février 1792, à la suite d'un accrochage, diverses personnes sont mises en accusation, dont Marc-Antoine Charrier.

En mai 1792, l'abbé Claude Allier, un royaliste de la ville de Mende, mène une opération en Ardèche avec le comte de Saillans mais celle-ci échoue et le comte est exécuté.

L'abbé Allier demande alors à Marc-Antoine Charrier de l'aider à mener la contre-révolution en Lozère. Ce dernier, qui avait été nommé général de l'armée chrétienne du Midi, rassemble des combattants et c'est ainsi qu'il mène l'insurrection en Gévaudan contre les révolutionnaires.

L'offensive débute dans la nuit du 25 au 26 mai 1793 à Rieutort-d'Aubrac avec plus de 1 500 combattants, puis Charrier marche sur la ville de Marvejols qui se rend sans résistance.

Le lendemain, 27 mai, il marche sur Mende. Les habitants de la ville accueillent avec joie les forces de Charrier mais les troupes républicaines de plusieurs départements, dont celui de l'Aveyron, convergent vers la ville.

Le 30 mai, Charrier se dirige alors vers Chanac, où se situe la résidence d'été de l'évêque. Le château est tenu par des républicains aveyronnais mais il tombe aux mains des troupes de Charrier après un violent combat. C'est une nouvelle victoire pour celui-ci mais informé de l'arrivée de nouvelles troupes républicaines fortes de 3 000 hommes, il décide d'abandonner la lutte.

Après avoir licencié ses hommes et abandonné son matériel de guerre, Marc-Antoine Charrier va se cacher dans une ferme près de Nasbinals. Trahi par des paysans, il est capturé, avec sa femme et son serviteur, par les gendarmes de l'Aveyron le 4 juin 1793. Il est enfermé à Rodez où il est guillotiné le 17 juillet 1793. Après avoir animé une courte contre-révolution, Marc-Antoine Charrier meurt ainsi dans cette ville à l'âge de 38 ans, place de la Liberté (de nos jours place du Bourg).

Source : Wikipédia

Et nos Malénais ?

L'arrestation du groupe des Malémais et de plusieurs autres de Laval du Tarn et des alentours a été racontée par l'Abbé Pierre J.B Delon dans "La Révolution en Lozère" (1922). Je reprendrai ce texte.

Après la victoire emportée le 26 mai, Charrier lance un appel à la Lozère et aux départements voisins pour grossir ses troupes. Une troupe de 21 Malénais, grossie par ceux de Laval du Tarn et des alentours, prend la direction du camp de la Casadèle sur Causse de Sauveterre pour rejoindre l'armée de Charrier. Cette troupe est conduite par Fages des Monts, le notaire Podge de la Malène et le maire de Laval, Jean-Joseph Monestier. C'est alors qu'ils tombent sur un détachement de l'armée révolutionnaire, conduite par le général Louis.

Alors parut sur une hauteur du Plan du Galop, entre Sauveterre, Paros et le Falisson, un détachement royaliste d'environ cent vingt hommes, suivi d'un mulet chargé de pain et de vin : c'était le détachement de la Malène et de Laval-du-Tarn, commandé par Jean-Joseph Monestier, du Rauzas, maire de Laval. Ils étaient assis pour "boire un coup" quand ils aperçurent la colonne. Le premier mouvement fut pour fuir, mais les républicains usèrent alors d'un stratagème qui leur avait déjà réussi.

Ils crièrent aux paysans du causse "Mes amis, vive le Roi !" L'un d'eux, Gardès, du Mazel de Mort, capitaine de la garde nationale du canton de Barre, mit à son chapeau un bout de papier blanc en forme de cocarde, et, s'avançant, les invita à les rejoindre . Deux y allèrent, puis, sur l'accueil qui leur fut fait, Monestier se décida et embrassa même, en arrivant, le général Louis, qu'il prit pour Charrier. Le rang s'ouvrait et se fermait successivement sur les étourdis, qu'on désarmait aussitôt à l'insu de leurs camarades. Il en vint cinquante deux. On les eut ainsi tous pris au piège, sans un coup de fusil patriote, qui mit en fuite les autres, désabusés.

Delon (La Révolution en Lozère)

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