Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Les martyrs de la Malène (Episode 4 : les représailles)

Le 24/12/2021 1

Dans La Lozère

Lorsque l'on se promène dans les rues de la Malène, on ne peut pas manquer le rocher de la Barre, encore noirci par les flammes de l'incendie du 31 octobre 1793. Le site de la mairie nous dit ceci :

Dans les Gorges du Tarn, des prêtres réfractaires se cachèrent dans les grottes pour échapper aux républicains. Seuls les paysans locaux connaissaient l’emplacement de ces cachettes, qui pour la plupart, ne sont atteignables qu’en barque. Les réfugiés furent aidés par les habitants qui leur apportèrent des vivres. D’après les habitants, près de Rieisse au Roc des Hourtous, une grotte est surnommée « la Grotte des prêtres ». Elle aurait autrefois servi de refuge.
Durant l’automne de l’année 1793, les troupes Républicaines se rendirent dans les Gorges du Tarn pour débusquer les royalistes qui s’y seraient réfugiés. C’est à cette occasion, le 31 Octobre 1793, que des soldats envahirent le village de La Malène. Durant plusieurs jours, ils pillèrent les maisons de leurs richesses, de leurs meubles et de leurs vivres. Les habitants furent pris en otage et furent chassés des maisons avant que l’on ordonne d’y mettre le feu. Le Rocher de la Barre et certaines maisons de la rue du Barry, conservent encore les traces de cet incendie. On raconte que l’on entreposait les noix sous les toits pour les faire sécher, le feu, créa une fumée noire qui laissa son empreinte sur les murs et les parois rocheuses.
Après ce ravage, les républicains réquisitionnèrent tous les hommes du bourg et les conduisirent aux prisons de Rodez. Ce n’est qu’après plusieurs mois de détention qu’ils purent rejoindre leur village. Nombreux sont les habitants qui décédèrent durant cet hiver.

Le récit de l'incendie d'après l'Abbé Astruc

Le 20 octobre 1793, une troupe de 800 hommes parut sur les hauteurs de la Malène, venant du Causse Méjean. Pendant trois jours, un épais brouillard la dérobait aux regards. A la fin de l'obscurité, les soldats montaient et descendaient la côte, explorant le pays. Antoine Monginoux du Moulin alla trouver le chef avec deux de ses amis pour essayer de lui faire comprendre que la Malène n'était ni une place forte, ni décidée à la résistance, attendu que ce n'était qu'un pauvre village où ne se trouvaient maintenant que des femmes, des enfants, des vieillards et quelques hommes qui ne demandaient pas mieux que de vivre en paix.

Trois jours après, 10 000 hommes, sous les ordres du Général Gout, inondent les plis et replis de nos gorges, fondent sur un village de 70 maisons, sans fort ni défense, pillent, saccagent, se livrent à tous les excès et ont ensuite l'audace d'envoyer un ordre du jour qui fut publié dans quelques villes comme Grenoble, pour annoncer la prose du Fort de la Malène.

Après, ils réunissent dans la cour du château les 25 derniers hommes de l'endroit, les enchainent et en expédient 22 aux prisons de Rodez, 3 à celles de Mende, la maire Perségol et Monginoux du moulin en tête. Il ne restait plus que les femmes, les enfants, les infirmes. Le 29 octobre, on les assemble au milieu du village. Ils attendent dans les plus pénibles angoisses l'arrêt qu'on va porter sur leur sort.

La vie leur est accordée mais la Malène est condamnée à périr par le feu ; ils n'ont que deux heures pour déménager. [...]

Ce fut le 31 octobre, vers les quatre heures du soir que le signal fut soudainement donné. La nuit commençait, un vent très fort du midi soufflait en tempête. Bientôt la Malène n'était plus qu'un vaste foyer incandescent qui semblait tout embraser, le ciel, les rochers et le Tarn.

L'incendie dura trois jours et consuma les 70 maisons du village, sauf une près du château. L'église ne conserva que ses quatre murs. 

 

Dans Joseph Vachin, enfant du Causse Méjean et soldat de l'Empire (Roger Lagrave)

Lorsque les gens du Causse de Sauveterre s'engagèrent avec un autre notaire, celui de Nasbinals, dans l'Aubrac, pour mettre à mal la République, les Vachin n'allèrent pas avec eux. [...] Lorsqu'une quarantaine de gens du Sauveterre et de la Malène furent guillotinés à Mende et à Florac, le 2 juin 1793, ils ne furent pas joyeux, non ; mais ils ne firent rien pour les défendre.

Et lorsqu'ils apprirent, le 31 octobre 1793 que les "bleus" étaient à la Malène pour y mettre le feu, ils allèrent sur les bords du causse pour assister au sinistre spectacle.

Vues du hauts des falaises dominant les gorges où ils avaient pris place [..], les maisons du village semblaient des miniatures et, serrées les unes contre les autres, plus frileuses qu'à l'habitude. Ils virent les soldats arriver par le chemin venant de la Canourgue. Ils entendirent les ordres donnés par les chefs et qui montaient vers eux, répercutés par les falaises. Et puis de la fumée sortit par la fenêtre d'une maison. [...]

Le feu se propagea d'une maison à l'autre et, bientôt, tout le village fut un immense brasier. Une colonne de fumée, épaisse et noire, montait entre les falaises comme dans une immense cheminée. "Les noix ! Ce sont les noix à sécher sur les terrasses qui brulent !". L'église, et puis le presbytère brulèrent à leur tour. De toutes les maisons, une seule, on ne sait par quel miracle, fut épargnée. Les pauvres Malénais, éloignés de l'incendie par la chaleur et la fumée, s'étaient regroupés sur la plage du Tarn et assistaient, impuissants, à la ruine de leur village et de leur vie. De leur balcon aérien, les caussenards les observaient.

 

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Commentaires

  • Fages

    1 Fages Le 24/12/2021

    Bonjour
    J’ai été très intéressé par la lecture de votre site
    Ma famille est issue de la malène et je serais ravi de trouver des informations sur ma généalogie
    Pouvez -vous me donner quelques conseils ou références
    Merci par avance
    Bonnes fêtes
    Philippe Fages

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