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Les martyrs de la Malène (Episode 3 : les exécutions)

Le 23/12/2021 0

Dans La Lozère

"Le mardi 11 juin 1793, fête de saint Barnabé et grande foire à Florac, l'aube se leva sur la guillotine, dressée près d'une large fosse, entre l'église et le vieux cimetière. A dix heures, les portes du château s'ouvrirent pour quarante condamnés. Le cortège s'avança entre deux haies de gardes nationaux, au roulement lugubre et intermittent du tambour, sur lequel planait le chant des litanies de la Sainte Vierge, entonnées, dit-on, par un Persegol, auquel ses compagnons de supplice répondaient d'une voix ardente, qui fit monter bien des larmes aux yeux des spectateurs de cette procession tragique."

(Delon - La Révolution en Lozère)

Auraient-ils dû tous être exécutés ?

Aux termes de la Loi du 19 mars 1793 : "Ceux qui auraient pris la cocarde blanche sont hors la loi et livrés à l'exécuteur dans les vingt quatre heures qui suivent le jugement." Mais la Convention Nationale avait décrété que seuls les chefs et instigateurs de révoltes seraient seuls sujets portés à la peine capitale.

Ainsi, sur 51 accusés, ne devaient mourir que Jean-Joseph Monestier, maire de Laval, instigateur du mouvement, et à la rigueur, ses seconds : Le notaire Podge, l'huissier Jean-Baptiste Fages et Pierre-Jean Fages, propriétaire aux Monts. Quant aux autres, travailleurs de terre, valets, bergers, tisserands, voiturier, trafiquant ou garçon tailleur, dont quarante-deux étaient totalement illettrés et parmi lesquels étaient de tout jeunes gens de dix-huit, dix-sept ou même seize ans, ils ne devaient en aucune façon être regardés comme chefs ou instigateurs,

L'explication se trouve dans une lettre écrite, le 5 juin, à la Convention par le corps constitué de Saint-Flour : "La loi du 10 mai, disent-ils, qui borne aux seuls chefs de conspiration les peines portées dans la loi du 19 mars dernier, nous paraît entraîner de grands inconvénients dans la position où nous nous trouvons. L'assemblée l'a décrétée dans sa sagesse et cela nous suffit, mais nous prenons la liberté de vous observer, citoyen président, que quelques exemples effrayants sont bien nécessaires dans la crise où nous sommes".

Des cinquante deux royalistes arrêtés sur le Causse de Sauveterre, quarante furent exécutés à Florac le 11 juin, sept à Mende, le 14, quatre s'évadèrent et un fut acquitté.

Les histoires locales autour des exécutions

Un certain nombre d'histoires, plus ou moins vérifiées, sont racontées sur les exécutions de Florac et de Mende. Certaines reproduites ici sont extraites du fascicule "Les Martyrs de la Malène et leurs compagnons", écrit par l'Abbé C. Astruc, curé de la Malène, à l'occasion du centenaire de 1893. Elles ne sont pas très objectives, mais font partie de la tradition locale.


 

 

L'arrivée à l'échafaud

Les heureux appelés reçoivent une dernière absolution aux pieds de leurs prêtres, ils se relèvent joyeux et forts. On ne les sort pas l'un après l'autre, mais tous à la fois, afin d'augmenter le supplice de chacun par la vue du supplice des autres et en amener à l'apostasie. [...] Pendant qu'on les conduisait entre deux haies de soldats et comme en procession, ils se mirent à chanter les Litanies de la Sainte Vierge et à réciter le chapelet.

Les voilà donc rangés autour de la guillotine comme une couronne de prêtres autour de l'autel, chantant et priant, en attendant leur tour d'offrir à Dieu le sacrifice de leur sang. 

La guillotine

Ils montent successivement, s'étendent sur la planche ensanglantée, le couteau tombe, les aides jettent les troncs palpitants dans la fosse commune, le bourreau y pousse les têtes avec le pied et Dieu reçoit les âmes dans son paradis. Les prières, les chants et les exécutions continuent pendant qu'une bande d'hommes et de femmes, ivres de sang et de vin, font une ronde infernale autour des victimes. Quand tout à coup, le silence se fait, entrecoupé par des gémissements et des murmures. Un frisson a parcouru les membres des martyrs et des assistants.

Le spectacle qui s'offrait aux regards était horrible. Le couperet, au lieu de tomber sur le cou d'un jeune supplicié, le plus vigoureux de tous, était entré dans les épaules et ne pouvait les partager. Les efforts du bourreau et la douleur lui arrachaient des cris à fendre des pierres ; il fallut qu'un serrurier l'achevât en lui enfonçant à coup de marteau le sanglant couperet. Ce martyr, plus torturé, était Pierre-Jean Monginoux de Cauquenas, d'après la tradition.

Ce n'est certainement pas lui, car d'après Delon, il fait partie de ceux qui se sont évadés.

Evadés Exécutés à Mende

François Pradeilles de Montredon

Pierre-Jean Monginoux de Cauquenas

Antoine Persegol de Cauquenas

Antoine Teissedre de Rausas

Jacques Brajon, garçon tailleur du Pin

Jean-Baptiste Persegol de la Malène

Jean-Baptiste Caussignac, trafiquant de la Malène

Etienne Claret, berger chez Paradan

Jean-Antoine Badaroux de la Croze

Jean-François Maurin, berger de Cauquenas

Jean-Antoine Jonquet de Cénaret

 

Quelques extraits dans la presse lors du centenaire de 1893

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