Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Les martyrs de la Malène (Epidode 5 : Le mystère Pierre-Jean Monginoux)

Le 26/12/2021 0

Dans La Lozère

Pierre-Jean Monginoux, jeune travailleur de terre de 24 ans, originaire de Cauquenas, est-il mort guillotiné à Florac le 11 juin 1793 ? S'est-il évadé ? Mystère ...

Les faits

Pierre Jean Monginoux a bien été arrêté en même temps que ses compagnons le 29 mai 1793. On le trouve présent sur les listes de prisonniers : voir Le verdict. On peut également consulter son interrogatoire dont voici la transcription :

L'an mil sept cent quatre vingt treize et le second de la république le second jour du mois de juin dans la salle de l'auditoire du Tribunal civil du district de Florac par devant le citoyen Bancillon juge du tribunal criminel du département de la Lozère séant extraordinairement en la ville de Florac avec le citoyen Dalsan accusateur public assisté de Jean Antoine Tur commis greffier duement sermenté.

A été amené devant nous et à notre ordre un de ceux qui sont détenus dans la maison d'arrêt de cette ville où ils furent conduits par la colonne de la garde nationale du département aux ordres du citoyen Louis commandant en chef.

Interrogé de ses nom, surnom, âge, profession et demeure :

A répondu s'appeler Pierre Jean Mongirou travailleur de terre âgé d'environ vingt quatre ans habitant de Cauquenas commune de la Malène.

Interrogé s'il n'est du nombre de ceux qui se rassemblèrent  le mercredi dernier vingt neuf may au chef de la Cotte de Molines dans quelle vue il s'y rendit et s'il ne fut arrêté par l'armée nationale.

A répondu et dit qu'il est de ceux qui se rendirent à l'endroit indiqué par l'interrogation que ça fut à la solicitation de Monastier de Rauzas maire de Laval et de Fages des Monts officier municipal de la Malène qui firent dire que c'étoit par ordre du maire de la Canourgue. Et que c'étoit pour arrêter l'armée de Charrier qui devoit fondre sur Florac, que luy qui répond étoit armé d'une paire de pistolets et fut arrêté par l'armée nationale et traduit dans la maison d'arrêt de cette ville.

Et plus avant n'a été interrogé. Lecture à luy faite du présent interrogatoire et de ses réponses.

Cet interrogatoire nous indique également que Pierre-Jean Monginoux était relativement instruit et signait son nom avec aisance. Il faisait partie des rares qui savaient lire et écrire parmi les arrêtés.

Signature de pj monginoux

Son décès ?

D'après les histoires relevées ici ou là, ce serait lui la victime du tragique incident lors de l'exécution : la guillotine lui aurait tranché les épaules et on aurait été obligé de l'achever en tapant sur la lame avec un marteau. Pourtant, d'après Delon, il ne fait pas partie de la liste des 47 exécutés. (Liste que je n'ai pas trouvée)

Les registres paroissiaux de la Malène ont été brûlés lors de l'incendie du 31 octobre 1793. En 1797, l'officier communal d'alors, Jean-Baptiste Malzac, entreprend la reconstitution de ceux-ci, avec les témoignages apportés par les habitants.

Registre de la Malène (par Malzac en 1797) ®AD48Parmi tous les décédés de l'exécution, on retrouve bien l'acte de décès de Pierre-Jean Monginoux.

Deces pj monginoux ad48Il parait peu problable, dans un aussi petit village, que sa mort ne soit pas réelle. S'il avait été vivant, il serait certainement revenu ou aurait fait prévenir sa famille. Est-il mort sur l'échafaud ou a-t-il été tué lors de sa cavale après une éventuelle évasion ? Le mystère reste entier...

Qui était Pierre-Jean Monginoux ?

Si mes recherches sont exactes, Pierre-Jean était le fils de Jean-François (ou Pierre François) Monginoux et de Marianne COMTE. Cette famille Monginoux, dont les membres sont originaires et largement représentés à la Malène, s'est installée à Cauquenas, lieu d'origine de la famille maternelle Comte. 

Famille de Pierre Jean Monginoux

Il devait être l'ainé des enfants et portait le prénom de son grand-père. Il avait 6 frères et soeurs :

  • Jean-Baptiste (1771-1847), cultivateur à Cauquenas. Epoux de Marie-Madeleine CONTASTIN de Rausas (Laval du Tarn) puis, en secondes noces, de Catherine ALBARET du Sabatier (Chanac).
  • Barthélémy (1773-1810), cultivateur à Cauquenas, époux de Marie PELISSIER, originaire de Cauquenas également.
  • Marie (1775-1853), épouse de Jean-Louis MALZAC de Pougnadoires.
  • Françoise (1781-1831), épouse de Jean-Antoine POUJOL de Rieisse.
  • Anne Justine (1782-1844), épouse de son cousin germain Jean-François MONGINOUX, meunier et maire de la Malène.
  • Jean-Joseph (1785-1849), cultivateur à Comeyras (Liaucous), époux de Marianne CABIRON dudit lieu.

 

 

FIN

1 vote. Moyenne 4 sur 5.

Ajouter un commentaire

Anti-spam