L'hôpital de la Cellette est considéré comme le plus vieil asile de France.
La naissance de la Cellette remonte à 1144. Un religieux bénédictin du prieuré de Marsat, près de Riom, revenant de Palestine, s'égara dans les gorges du Chavanon et arriva dans une petite vallée. Il décida de s'y retirer, pour se livrer à la vie contemplative et il bâtit, sur un petit monticule, au pied du rocher qui domine le nord de la vallée, une chapelle dans le style de Notre Dame de Nazareth, qu'il avait visitée quelque temps auparavant. Cet ermitage prit alors le nom de Cella, ou chambre de Notre Dame. A la mort de ce bénédictin, les religieux refusèrent de continuer à habiter dans cette solitude et l'ermitage fut, peu à peu, délaissé.
L'ermitage se transforma petit à petit en couvent, où les religieux, dès le 15ème siècle, prodigaient des soins aux "aliénés".
Pendant la révolution, les biens et le couvent furent vendus nationalement. De nombreux propriétaires se succédèrent jusqu'en 1831, date à laquelle l'asile d'aliénés fut véritablement créé. Les nouveaux propriétaires construisirent une papeterie et des bâtiments pour y recevoir les malades. De 1831 à 1835, le nombre des admissions s'est accru, pour arriver à 90 malades, venant de 12 départements différents.
L'hôpital se donne, dès 1831, une organisation administrative, tout étant soigneusement noté, la direction de l'hôpital assurée par des religieux lui conférant une discipline, une sérénité que ne possédaient pas les hôpitaux d'alors. L'ascendant moral des frères transforma l'hôpital sur le même modèle que le couvent, avec ses horaires fixes, la prière en commun, mesures qui s'appliquaient aussi au personnel. Le personnel soignant était alors recruté parmi les vagabonds et les ivrognes, dont la forte musculature constituait la première condition dans l'art de soigner les malades. Obéissance aux règles de religion et travail étaient les critères de guérison. Le rôle des médecins, que rien ne destinait à soigner la maladie mentale, était rendu d'autant plus difficile, qu'ils étaient employés par les religieux.
A partir de 1838, les malades viendront uniquement de Corrèze et du Puy-de-Dôme et seuls des hommes y seront accueillis, les malades femmes étant admises à l'hôpital Sainte Marie de Clermont.
L'hôpital était administré sous l'autorité du Préfet de Corrèze, par un religieux, chef également de la communauté religieuse.
La population moyenne de l'hôpital s'accroissait régulièrement, on recensait 311 malades en 1873. Les pensionnaires, entretenus par leurs familles, étaient divisés en quatre classes, le prix annuel des pensions dépendant des origines nobles ou paysannes du patient. La dernière catégorie formait, avec les aliénés entretenus au compte du département, la classe du régime commun. L'inégalité, au niveau des malades, se retrouvait tant sur la nourriture que sur les soins prodigués. Selon les statistiques recueillies dès 1890, il était intéressant d'observer qu'à défaut de véritables théories sur la genèse des maladies mentales, on cherchait déjà à en connaître les facteurs favorisants. Sur les 440 malades présents alors, 65 % étaient célibataires et 27 % mariés, alors que dans la population générale, ces chiffres étaient sensiblement inversés. Il ressortait également que 90 % de la pathologie hospitalière regroupait les manies, les démences et les monomanies, alors que les arriérations ne représentaient que 10 % des malades. Quant aux mouvements de la population, dès la fin du 19ème siècle, on notait que les admissions et les sorties s'équilibraient dans des proportions sensiblement superposables.
Dans toutes les descriptions qui ont été réalisées, pendant cette période, sur les malades mentaux, on retrouve toujours les mêmes discours moralisateurs, les symptômes n'étaient appréciés qu'en fonction de la morale chrétienne. Il est frappant de constater combien folie et punition divine étaient intimement liées.
La congrégation de Sainte-Marie de l'Assomption gardera la direction de la Cellette jusqu'en 1927, date à laquelle elle cédera la place à la congrégation Saint-Jean-de-Dieu.
Histoire complète et photos sur le site de l'hôpital en cliquant ICI.