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Fort-Louis

Le 07/11/2024 1

Dans La Lozère

Fort-Louis est situé dans le Bas-Rhin. Que vient faire cette ville dans un article sur les Lozériens ?
Un habitant de la paroisse de Laval-du-Tarn, Jean-Pierre Cadoule, y est décédé en 1732, nous allons essayer d'en savoir plus.

Fort-Louis

En 1686, Louis XIV confie à Vauban la construction d’une ville nouvelle fortifiée sur une île située entre deux bras du Rhin, qui sera baptisée Fort-Louis-du-Rhin. Vauban se servit vraisemblablement des pierres du château impérial (le Burg) de Haguenau, détruit en 1687, pour ériger les murailles. Le fort principal, appelé fort Carré, sera renforcé par deux têtes de pont, l'une sur la rive alsacienne (fort d'Alsace) et l'autre sur la rive badoise (fort du Marquisat).

Au sud, Vauban fait construire une ville à trame orthogonale (pour des raisons stratégiques) ; une enceinte bastionnée d'environ 4 km entoure la ville et le fort Carré. En 1688, Louis XIV accorde des privilèges importants et des avantages fiscaux à ceux qui décident de peupler Fort-Louis. Les habitants auront pour charge le ravitaillement de la garnison. Un couvent de capucins s'installe en ville à partir de 1719.

Article Wikipedia et site de la ville de Fort-Louis

Dans l'acte de décès reproduit plus bas, notre personnage est dit faire partie du Régiment d'Auroy, compagnie d'Isarn. Je n'ai rien trouvé à ce sujet. Les noms auraient-ils été mal retranscrits par le curé ? Était-ce Artois et non Auroy ?
En 1732, peu de conflits en France, plutôt des tensions politiques. Notre Jean-Pierre faisait certainement partie des milices provinciales. Voyons ce que l'on peut trouver à ce sujet.

Les milices provinciales

La milice provinciale est une forme de conscription qui a existé en France de 1688 à 1791, année officielle de son abolition par l'Assemblée nationale. Sa levée avait pour but initial de compléter le recrutement habituel des armées royales avec des sujets obligés de servir. Si le gouvernement a souhaité que le tirage au sort désigne les miliciens, il est souvent arrivé qu'officiellement des corps de métier puissent fournir des volontaires dont ils achetaient le service ou que, dans les villages, le hasard ne fût pas seul à désigner le milicien.

Elle est désignée par plusieurs noms dans les documents : « milice royale » et « milice de terre » (peu utilisée), « milice provinciale » puis officiellement « troupes provinciales » à partir de 1771 ; ces deux derniers étant les plus fréquents. « Milice royale » permet de désigner celui qui ordonne la levée ; « milice de terre » s'oppose à la milice garde-côte à laquelle sont soumises les communautés proches des littoraux.

En 1688, au commencement de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, le secrétaire d'État à la Guerre, le marquis de Louvois, initie une levée de miliciens provinciaux afin de seconder les troupes réglées dans les places de garnison, voire au combat. Ces milices sont renvoyées chez elles en 1697 après la paix de Ryswick.

La milice provinciale est recréée de 1701 à 1714 pour servir pendant la guerre de Succession d'Espagne, et à nouveau en 1719 pendant la courte expédition d'Espagne.

L'ordonnance royale du 25 février 1726 préparée par le marquis de Breteuil fait de la milice provinciale une troupe permanente dont l'objectif est d'« avoir toujours sur pied dans l'intérieur du royaume un corps de milice qui, s'exerçant pendant la paix au maniement des armes, sans déranger les travaux qu'exige l'agriculture, ni sortir des provinces, pût être prêt à marcher sur les frontières pour en augmenter les forces dans les besoins les plus pressants de l'État. » C'est sous cette forme qu'elles servirent pendant les guerres de Succession de Pologne (1733-1738), de Succession d'Autriche (1741-1748) et de Sept Ans (1756-1763).

Les premières ordonnances de levée de 1688 à 1690 ordonnent aux provinces de fournir un nombre d'hommes. Les intendants répartissent ce nombre entre les paroisses qui doivent fournir des volontaires et en assurent l'équipement. Les autorités doivent constater que, souvent, les miliciens sont trop âgés ou inaptes à faire la guerre ; leur équipement est de piètre qualité. Rapidement, en 1691, le secrétaire d'État à la guerre ordonne que les miliciens soient désignés par tirage au sort parmi les hommes valides de la paroisse.

Des exemptions existent à l'initiative des subdélégués des intendants qui ne conçoivent pas de priver une famille de son chef, d'engager de trop jeunes hommes ou visiblement atteints d'infirmités physiques. Une liste officielle des exemptions est établie en 1765, avec possibilité pour les intendants de l'étendre selon les particularités de la province. Cette liste cherche à préserver l'agriculture et l'industrie : par exemple, sont exempts les fils dont les pères ne peuvent plus travailler, mais il faut justifier d'une certaine aisance ; mais aussi à préserver le confort des plus riches puisque leurs domestiques sont libérés de l'obligation de la milice. Les miliciables présentent leurs motifs au subdélégué qui accepte ou refuse. Le plus simple moyen pour ne pas avoir à tirer reste de mesurer moins de 5 pieds (environ 1,62 m).

Deux moyens ont existé pour tirer au sort :

  • avant l'ordonnance de 1765, on inscrit le nom de chaque miliciable bon pour le service sur un papier. On tire autant de noms que de miliciens à fournir par la communauté ;
  • à partir de 1765, le chapeau contient autant de billets que de miliciables : tous sont blancs, sauf un ou quelques-uns portant le mot « milicien » selon le nombre de miliciens à obtenir. Ceux qui tirent le « billet noir » doivent servir pour la milice.

La deuxième méthode peut permettre, avec l'accord discret du subdélégué, de faire tirer le « billet noir » par un miliciable désigné comme volontaire, tout en respectant l'ordre de faire un tirage au sort.

Impopulaire, le tirage au sort l'est encore plus aux yeux des paroisses rurales et de certains corps de métier car dans les grandes villes, certains corps de métier ont obtenu le privilège de fournir des volontaires plutôt que de voir leurs garçons partir régulièrement à l'entraînement ou à la guerre. À Montpellier, ce sont surtout des métiers d'artisanat qui ont la noblesse et la bourgeoisie pour clients : orfèvres, apothicaires, valets et domestiques, etc. Cette pratique entraîne des inconvénients car ces volontaires (parfois étrangers à la ville) ont tendance à disparaître plus facilement que les miliciens vivant de leurs terres et métiers.

Pour compenser le fait de voir l'un des siens désigné milicien, les miliciables et habitants de la paroisse ont parfois pris l'habitude de se cotiser pour donner une somme d'argent au désigné. Si l'ordre est de ne pas les tolérer, les subdélégués ont le plus souvent fermé les yeux pourvu qu'ils n'en aient pas connaissance et que cela ne provoque pas de tumulte (la somme réunie pouvant disparaître frauduleusement...).

Le milicien doit ensuite se présenter à toutes les convocations. En temps de paix, il doit venir s'entraîner quelques semaines par an dans un camp royal au maniement des armes et à la marche militaire. En temps de guerre, il sert pour alléger le labeur des troupes réglées : principalement la garde des places-fortes annoncent les ordonnances royales. Mais les miliciens se sont retrouvés au combat pour compléter des bataillons décimés par la guerre. Certains miliciens ont ainsi pu devenir « officier de fortune », c'est-à-dire promu lieutenant ou capitaine de troupes réglées pour suppléer à des officiers morts ou promus en temps de guerre.

Article Wikipedia

Qui était Jean-Pierre Cadoule ?

C'est le père de Jean-Pierre, Jean Cadoule, originaire de Brunaves (La Canourgue), qui a installé ce nom à Montredon, paroisse de Laval-du-Tarn, en épousant Jeanne Pelissier. Jean-Pierre, né vers 1693, avait au moins deux soeurs et deux frères : Pierre, Jean, Marie et Isabeau. 

Notre soldat s'était marié en 1718 avec Marie Portalier, originaire de Fraissinet de Poujols, paroisse de Quézac. Il savait signer son nom, même si c'était de manière hésitante, contrairement à ses parents et ses frères et soeurs illettrés. On trouve sa signature sur son acte de mariage et sur certains actes de naissance de ses neveux et nièces dont il a été parrain.

Cadoule jp

En relevant les actes de baptême de Laval-du-Tarn entre son mariage et 1732, l'année de son décès, je lui ai trouvé 6 enfants nés à Montredon : Antoine (1719) ; Louise (1720) ; Isabeau (1722) ; André (1727) ; Barthélémy (1729) et Jean-François (1730). La famille Cadoule a traversé l'épidémie de peste de 1721 sans trop de dégats, elle a eu de la chance car une bonne partie de la population de Laval-du-Tarn a succombé à ce fléau.

Jean-Pierre était paysan et, bien que père de famille, également soldat. L'était-il depuis longtemps lorsqu'il est décédé ? Les naissances assez rapprochées de ses enfants semblent prouver le contraire. Sur l'acte de décès reproduit plus bas, on apprend qu'il faisait partie du Régiment d'Auroy, compagnie d'Isarn. J'ai cherché un peu partout une mention de ce régiment, sans succès... Une mauvaise retranscription du curé ?

L'acte de décès en question

Le dixhuitieme fevrier mil sept cent trente quatre J'ai reçû les certificats du Sr lallichon aumonier de l'hopital royal de fort louys du rhin qui certifie que Jean pierre cadoule du lieu de montredon en notre paroisse surnommé St Jean y est décédé muni des sacrements le troisieme mars mil sept cent trente deux de plus autre certificat d'un officier dud hopital signé lalanne qui dit la même chose et que led cadoule étoit du regiment d'auroy compagnie d'isarn en foy de ce. 

Reste que ce personnage est mort bien loin de chez lui pendant une période de l'histoire où il ne semblait pas y avoir de guerre en France. Si quelqu'un a des idées ou des renseignements sur ce régiment, je suis preneuse !

Surprise de dernière minute !
L'écriture de l'article pour la lettre L m'a fait découvrir d'autres données sur mon héros !
La suite dans quelques jours ...

 

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Commentaires

  • Stéphane

    1 Stéphane Le 08/11/2024

    C'est ce qu'on appelle du suspens

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