Un arbre en Lozère ... et ailleurs

Chanos-Curçon

Le 04/11/2024 1

Dans La Lozère

Nos ancêtres voyageaient parfois, même assez loin de leur lieu d'origine. C'est le cas de Jean Boulet, docteur en théologie, originaire d'un petit village du Causse Méjean, qui fut pendant de longues années prêtre et curé de Chanos, dans le Dauphiné.

Chanos

Avant 1790, Chanos était une communauté de l'élection et subdélégation de Valence et du bailliage de Saint-Marcellin, ayant exactement la même étendue que la commune actuelle de Chanos-Curson.
Elle formait une paroisse du diocèse de Vienne dont l'église, sous le vocable de Saint-Martin, dépendait, depuis le milieu du XIe siècle, du chapitre de Romans qui y prenait la dîme et présentait à la cure.

Du petit hameau de Cabrières, dépendant de la paroisse de Saint-Chély du Tarn, jusqu'à Chanos, il y avait 192 km, ce qui représentait environ 38 heures de marche, soit plusieurs jours de voyage.

Pourtant, Jean Boulet n'hésitait pas à faire l'aller-retour dès que des impératifs familiaux (mariages, décès) le rappelait près des siens. 

 

Mais qui était-il ?
C'est ce que nous allons découvrir ...

Jean Boulet était un des 7 enfants de mes sosas 2 870 et 2 871, Pierre Boulet et Isabeau Bousquet. Ces derniers, nés vers 1600, habitaient le petit hameau de Cabrières, sur les hauteurs des Gorges du Tarn au-dessus de Saint-Chély. C'est une famille importante dans ma généalogie puisqu'elle a donné naissance à 3 de mes ancêtres.

La fratrie de Jean était composée de : 

  • Pierre, certainement l'ainé (sosa 2 842), qualifié du sobriquet "plus jeune" pour le distinguer de son père. Il était marchand et avait épousé une fille d'une bonne famille de Sainte-Enimie, Catherine Cavalier.
  • Élisabeth ou Hélix, épouse de Antoine Aguilhon, ménager dans le village de Mas-Saint-Chély.
  • notre Jean, docteur en théologie, prêtre et curé de Chanos.
  • un autre Jean, dit "plus jeune", entré comme gendre dans une famille Gal de Mas-Saint-Chély en épousant leur fille Louise.
  • Anne (sosa 2 255), épouse de Pierre Tourret, laboureur dans le village voisin de Carnac.
  • Catherine (sosa 1 435), épouse de Antoine Nivoliés, paysan du village de la Maxanne, paroisse de Saint-Préjet du Tarn.
  • et Étienne, également docteur en théologie, prêtre et curé de Prades pendant de longues années, mort en poste en 1713.

Les cinq premiers sont nés avant 1631, année où leur père fit un testament "voyant une maladie contagieuse se rapprocher dangereusement de leur village".

Cette famille avait un niveau de vie confortable, les garçons savaient lire et écrire, signer leur nom. Deux d'entre eux ont fait des études en théologie, et les dots des filles dans leurs contrats de mariage étaient plus que confortables.

Des "allers-retours" entre la Drôme et la Lozère

Les premiers registres paroissiaux disponibles pour la paroisse de Chanos datent de 1651, et c'est déjà notre Jean Boulet qui y est prêtre et curé. On le trouve toujours en 1699, avec une écriture et une signature tremblante témoignant de son grand-âge. Vu qu'il était déjà né en 1631, il devait avoir plus de 70 ans. Je ne sais pas s'il est mort dans la paroisse dont il avait la charge, je n'ai pas trouvé son acte de sépulture.

Il a donc été prêtre de Chanos au moins pendant 50 ans ; et pendant ces longues années, est parfois retourné en Lozère.

  • le 10 aout 1678, il était présent au mariage de sa nièce Agnès avec Jean Faisandier, lors du contrat de mariage passé auprès du notaire Pierre Michel du Bedos.
  • le 17 octobre 1684, il fut témoin, ainsi que son neveu Pierre, marchand de Cabrières, du contrat de mariage de Jean Aigouy de la Volpilière et Isabeau Lecapéis de Cabrières. (Fait et récité aud village de Cabrières et dans la maison d'habitation des susd donnateurs en présence de Messire Jean Boulet docteur en théologie, prêtre et curé de Chanoy en Dauphiné et autre sieur Pierre Boulet son neveu marchand habitant aud Cabrières signés, et Pierre Ladet de Carnac qui requis de signer, de même que lesd parties donnatrices, l'époux et autres assistants ont déclaré ne savoir signer et moi Raymond André notaire royal de Ste Enimie requis et mandé venir ecrire pour la réception de cet acte soussigné).
  • le 28 juin 1685, il retourne à Sainte-Enimie pour faire, ainsi que son frère Étienne, curé de Prades, une donation entre vifs à leur neveu Pierre, marchand à Sainte-Enimie.
  • le 18 juin 1692, il fait donation de 100 livres à sa nièce Françoise Boulet à l'occasion de son mariage avec Jean Dides du Buffre. Il n'est pas présent mais représenté par Pierre Paradan, ancien notaire de Sainte-Enimie.

Sans compter tous les actes que je n'ai pas vus !

Une migration de "Boulet" dans la Drôme ?

Lorsqu'un curé prenait possession de la cure d'un village, il était fréquent qu'il y entraine quelques membres de sa famille. Des frères ou soeurs célibataires, lui servant de clerc ou tenant son ménage, des neveux et nièces. Cela installait parfois des familles bien loin de leur lieu d'origine, j'en ai trouvé quelques exemples en faisant des recherches.

Le premier "nouvel arrivant" que j'ai repéré, tout à fait par hasard dans la paroisse de Chanos est Étienne Boulet, fils de Pierre et Catherine Cavalier et donc le neveu de Jean. Je suis tombée sur son acte de sépulture, le pauvre, acte rédigé et signé par son oncle ...

16830304 boulet etienne sepulture
Estienne Boulet âgé d'environ 18 ans, fils à feu Pierre du lieu de Cabrières paroisse de St Chély du Tarn diocèse de Mende en Gévaudan province du Languedoc et à Catherine Cavalier sa mère, est décédé dans la paroisse du Chanaux où il demeurait depuis trois ans et ayant chrétiennement reçu le Saint viatique et extrême onction a eu sépulture ecclésiastique dans l'église paroissiale du susd Chanaux joignant les fonts batismaux, présents Raymond Machon, Jean Marcon soussignés. En foy de quoi me suis soussigné ce quatrième juin année 1683

 

En creusant un peu plus, deux "Boulet" se sont mariés sur la paroisse de Chanos, le premier en 1694 et le second en 1701. Voici leurs actes de mariage :

1694 boulet rostaing 1701 boulet bressot

Le premier est particulier. Notre Jean Boulet est encore curé en poste mais l'acte est rédigé par le curé d'une paroisse voisine, ce qui laisse entendre que Jean Boulet aurait des liens de parenté avec le marié. De plus certains termes barrés font croire que ce mariage aurait dans un premier temps été clandestin ...

Il s'agit du mariage d'Antoine Boulet et d'Isabeau Rostaing, fille originaire d'une famille de Chanos.

Le second, plus officiel et classique est celui de Jean Boulet, frère d'Antoine avec Jeanne Bressot, également fille de Chanos.

Jean Boulet n'est plus en poste à cette date, il est peut-être décédé.

Mais qui sont ces deux frères ... Certains généalogistes sur Geneanet les font fils de Pierre Boulet et Catherine Cavalier, eux aussi ! Ce couple, qui fait partie de mes ancêtres, a déjà 9 enfants connus. Y en aurait-il deux autres ? Malheureusement, les textes complets de leurs testaments respectifs ne sont pas disponibles, cela nous aurait bien aidé !

Les deux frères étaient étroitement liés ; ils furent parrains (et leurs épouses marraines) de leurs enfants respectifs. Mais je n'ai trouvé aucune preuve permettant de les décréter enfants du couple susmentionné. Ils sont décédés tous les deux dans la Drôme : Jean le 11 janvier 1740 à Chanos et Antoine le 11 aout 1752 à Mercurol, à l'âge canonique de 80 ans. 

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Commentaires

  • Stéphane

    1 Stéphane Le 08/11/2024

    Je suis toujours étonné des distances qu'ils parcouraient à l'époque, et pas qu'une fois!

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