Un arbre en Lozère ... et ailleurs

C comme les cinq CAUSSIGNAC de Nabrigas

Le 03/11/2022 0

Dans La Lozère

Nabrigas est un hameau du Causse Méjean dépendant de la commune de Meyrueis. C'est pourtant sur le Monument de la Parade, à 4 km du hameau, que sont inscrits les noms des cinq frères Caussignac

Une famille entière a ainsi été décimée lors de la Grande Guerre entre 1915 et 1919.
En 1911, l'agglomération de Hures-la-Parade comptait 193 habitants. 30 poilus sont inscrits sur le Monument de la Parade et 13 sur celui de Hures, soit 22 % de la population exterminée.

Déjà évoqué dans un article sur le monument aux morts de la Parade, j'avais envie de revenir sur le parcours de ces 5 frères.

Plaque commémorative de la Parade

La famille Caussignac à la veille de la guerre

Philippe Justin, le père, cultivateur et également sabotier, né à Nabrigas, avait épousé Marie-Célestine Roujon de la Malène en 1875. De leur mariage sont nés 11 enfants : Sylvain Justin en 1876, Marie-Sylvie en 1876, Amédée Hippolyte en 1880, Paul Calixte en 1882, Marie-Hélène Justine en 1884, Calixte Marius en 1886, Augustine Adèle marie en 1887, Louise Marie en 1890, Léon Camille en 1892, Camille Marius en 1894 et enfin Marcel Louis Léon en 1895. (Nos futurs héros sont indiqués en vert)

Deux des garçons (et peut-être également leur première fille) meurent rapidement après leur naissance. Pour les autres, la vie suit son cours et les ainés sont déjà mariés et établis lorsque la guerre éclate.

Le parcours militaire des cinq frères

L'ainé, Sylvain Justin (1876-1919), 55ème Régiment d'Artillerie

Sylvain s'est marié en 1902 à Clémentine Truel de la Borie. Le couple s'installe au Viala, sur la commune des Vignes, où ils prennent un fermage. En 1914, ils ont 4 enfants. Malgré son âge et son statut de père de famille, il est incorporé dès novembre 1914 et finit par être affecté au 55ème Régiment d'Artillerie basé à Orange. 
Sylvain y restera affecté pendant toute la durée de la guerre, son régiment participe à la plupart des batailles : La Marne, Verdun, La Somme, Les Flandres, la défense d'Amiens en 1917 et l'offensive de l'Aisne en 1918. De retour à son casernement après l'armistice, Sylvain décède de "maladie imputable au service" le 17 janvier 1919 à l'hôpital militaire d'Orange. Il avait 42 ans.

Sa fiche matricule
Sa fiche MPLF
Familles de Lozère

Le second, Amédée Hippolyte (1880-1917), 142ème Régiment d'Infanterie

En 1906, Amédée a épousé Léontine Darie Evesque de la Borie. Ils s'installent à Meyrueis et 5 enfants voient le jour. Le dernier, Amédée Michel Gabriel, nait le 28 septembre 1914, après la déclaration de guerre. Lors de la mobilisation générale, Amédée a 33 ans et rejoint le 142ème RI ou Régiment de Mende dès le 25 aout 1914. D'abord cantonné à l'intérieur, il part pour l'armée active. Le 142e RI participe alors aux batailles de Lorraine, puis est transporté sur le front des Flandres. En novembre, Amédée contracte une tuberculose dont il ne se remettra jamais. Après plusieurs passages aux hôpitaux des armées, il est définitivement renvoyé dans ses foyers en novembre 1916. Il meurt de  tuberculose le 21 aout 1917 chez lui à Meyrueis. Il avait 36 ans.

Sa fiche matricule
Sa fiche MPLF
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Le troisième, Paul Calixte (1882-1917), 342ème Régiment d'Infanterie

Lors de la déclaration de guerre, Paul était encore célibataire ; il avait 32 ans. Il est incorporé dès le 12 aout 1914 au 342ème RI. Ce régiment était basé à Lodève et à la disposition du 16ème corps d'armée. Il participe à la bataille des Flandres en 1914, à l'offensive de Champagne en 1915, à la bataille de Verdun en 1916 et au Chemin des Dames en 1917.
Le 25 janvier 1917, le régiment est sur la côte 304 aux environs de Esnes en Argonne. Après une très violente préparation d'artillerie et de torpilles, les Allemands réussissent à s'emparer de la première ligne. Tout fut emporté par l'ennemi entre 15 et 16 heures. Les allemands firent une centaine de prisonniers, dont Paul, déclaré disparu et aux mains de l'ennemi ce jour-là. Certainement blessé lors de cette offensive, car il est mort prisonnier le 16 février suivant. Il avait 35 ans.

Sa fiche matricule
Sa fiche MPLF
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Le quatrième, Calixte Marius (1886-1915), 342ème Régiment d'Infanterie

Son cadet, Calixte, 28 ans en 1914, était également célibataire. Incorporé comme son frère au 342ème RI, il part pour le front dès le début aout 1914. Les deux frères étaient-ils dans la même division ? Fin octobre 1915, le régiment occupe un secteur sur les pentes ouest de la Butte de Tahure. Une attaque est déclenchée le 30 sur le front tenu par la 63e brigade, les obus asphyxiants sont nombreux. A la tombée de la nuit, l'ennemi réussi à percer et à atteindre le sommet de la Butte, d'où il descend dans le dos des 22e et 23e compagnies. Ces deux unités sont coupées du régiment et submergées par le flot d'assaillants qui arrive de tous les côtés. Calixte trouvera la mort cette nuit-là, il avait 29 ans.

Sa fiche matricule
Sa fiche MPLF
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Le benjamin, Camille Marius (1894-1916), 58ème Régiment d'Infanterie

Le plus jeune, Camille, n'avait même pas encore effectué son service militaire à la déclaration de guerre, il faisait partie de la classe 1914, ayant tout juste 20 ans. Le 58ème RI était basé à Avignon, Camille le rejoint dès le mois de septembre. Lui aussi participera à la bataille de Verdun durant l'été 1916. Blessé, il est envoyé à l'arrière à l'hôpital militaire de son régiment, à Avignon. Il y décède le 23 aout 1916, il avait 22 ans. (voir Historique du 58ème RI)

Sa fiche matricule
Sa fiche MPLF
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Bilan ...

Le père, Philippe Justin, ne saura jamais quel triste destin eurent ses 5 garçons. Il est décédé avant le début de la guerre, le 24 février 1914. C'est la maman, Célestine Roujon, qui, en l'espace de 3 ans, aura la douleur de voir disparaitre tous ses fils, laissant 2 veuves et 9 orphelins de Guerre. Elle s'est éteinte chez sa fille Justine à Rivière sur Tarn, à l'âge de 91 ans.

Quelques documents

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