Le Régiment combattait ensuite dans le Pas-de-Calais ; avec les Anglais à Gambrin, puis aux abords de Vermelles, puis dans les tranchées de Noulette, où il repousse plusieurs attaques furieuses sans perdre un pouce de terrain. Mais tandis que la bataille faisait rage dans l'Artois, l'ennemi exerçait un effort encore plus violent dans les Flandres. Avec des forces importantes prélevées sur tout son front, avec l'Armée d'Anvers et sa formidable artillerie lourde, avec des corps nouveaux secrètement formés au fond de l'Allemagne, ils tentaient sur les effectifs français, anglais et belges accourus en toute hâte un double effet de surprise et de masse qui allait aboutir à l'effroyable «mêlée des Flandres».
Le 1er novembre, le 1er et le 2e Bataillon du 158 sont enlevés en camions-autos et transportés à Reninghelst, dans la région d' Ypres. C'est le moment où se prépare le plus formidable assaut de la bataille des Flandres. Le kaiser est à Thielt en Belgique, et se dispose à faire son entrée à Ypres, puis à Calais. Pendant 25 jours, les 2 Bataillons du 158 vont se multiplier, toujours aux points les plus dangereux, soit pour attaquer, soit pour se défendre ; ils prendront part à trois actions différentes :
Du 3 au 8 novembre, combat de Kemmel, attaque et défense du moulin de Spanbroke où le légendaire Colonel HOUSSEMENT, déjà 7 fois blessé en 6 combats différents, trouvera la mort qu'il semblait narguer. Du 10 au 15 novembre, défense de Mont-St-Eloi, dans des tranchées pleines d'eau, sans aucune communication avec l'arrière, en butte aux attaques quotidiennes de l'ennemi.
Du 16 novembre au 5 décembre, défense du secteur de Hooge où un nouvel ennemi, le froid, fera insidieusement son apparition et causera les premières fortes pertes par gelure de pieds.
De cette mêlée gigantesque, qui dépassait en horreur tout ce que l'on avait vu jusque-là, le Régiment devait sortir diminué par des pertes sanglantes, épuisé par la souffrance et la fatigue, mais exalté et grandi par la confiance. Malgré une débauche inouïe de projectiles, malgré une consommation effroyable de "matériel humain", le boche n'était pas passé. Désormais le moindre poilu du 158 saura que partout où se trouve son Régiment, le boche ne passe pas.
Historique du 158e régiment d'infanterie. Campagne 1914-1919 (voir lien Gallica ci-dessous)