Un arbre en Lozère ... et ailleurs

A comme ARAGON Armand Louis Achille, poilu de la Malène

Le 01/11/2022 0

Dans La Lozère

Ce premier article nous emmène à la Malène, dans les Gorges du Tarn, où 59 personnes distinctes figurent sur le Monument aux Morts. Lors du recensement de 1911, la population était estimée à 647 personnes. C'est donc 9 % de la population qui n'est pas revenue du conflit. Dans ce village, les souvenirs du massacre de 1793 sont également très vivaces. Après la Grande Guerre, l'Eglise catholique place la plaque des soldats morts face à celle des victimes de 1793.

 

Eglise de la Malène, les deux plaques commémoratives dans la chapelle des martyrs malénais
Les 21 martyrs de la Malène Plaque église de la Malène
1793 - Pro deo et rege legitime certantes coronatum sunt 1914-1918 Aux glorieux soldats de la Malène morts pour la Patrie. Cette plaque porte la citation de Victor Hugo dans sa partie mystique : "Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie méritent que sur leur tombeau la foule vienne et prie".

Sa vie, sa famille

Armand est originaire de Cauquenas, petit village sur le Causse de Sauveterre dépendant de la Malène. La famille Aragon y est installée depuis très longtemps, puisque son ancêtre (et le mien) y vivait fin 18ème siècle. Il est l'avant-dernier d'une famille nombreuse de 9 enfants, étant né le 21 février 1889. Ses parents, Pierre Basile et Marie-Eudoxie Calvet, étaient cultivateurs.
A sa naissance, ses 3 frères ainés ont tous plus de 10 ans. Deux autres de ses frères décèdent en bas-âge et deux autres avant leurs 20 ans. Parmi les plus jeunes de la famille, il ne restera que lui et une soeur, Eudoxie, née en 1887.

Lors de son recensement en 1909, Armand est décrit de la manière suivante : "Cheveux et sourcils châtains, yeux gris-bleu, front découvert, nez ordinaire, bouche moyenne, visage ovale, taille 166 cm. Niveau d'instruction : 3". Une cicatrice sur le front était une marque distinctive.
Sa fiche militaire nous apprend également un curieux évènement : "Acquitté le 22 aout 1902 par le Tribunal correctionnel de Florac du délit d'outrage public à la pudeur, coups et blessures, violences et voies de fait commis le 20 juillet 1902, ayant agi sans discernement et remis à ses parents". En 1902, il avait 13 ans ... Qu'a-t-il bien pu faire pour mériter cette condamnation ? 

Son service militaire est retardé pour cause d'une "arthrite ancienne" et il sera incorporé le 7 octobre 1910, d'abord au 6ème groupe d'Artillerie à pied à Alger, puis au 1er groupe d'Artillerie de Campagne d'Afrique, tout cela bien loin de sa Lozère ! Il revient dans ses foyers avec un certificat de bonne conduite le 1er octobre 1912.

Il sera rappelé à l'activité par la mobilisation générale du 2 aout 1914 et incorporé au 342ème RI, basé à Mende

Armand a été tué lors de l'offensive du 23 aout 1916, qui avait pour but de reprendre la crête de Fleury Douaumont. 

Il avait 27 ans.

Decoration fleur bleuet de france

le 23 aout 1916, la bataille de Verdun

Le débarquement se fit à Givry en Argonne et le 342 alla se cantonner d'abord à la Neuville aux Bois, au bord des étangs et des forêts, puis le 22 juillet à Eclaires et Sénard sur les rives verdoyantes de l'Aisne naissante, et le 8 aout, à Vaubécourt village ruiné où l'on bivouaque dans des vergers. Après un mois d'instruction intensive, le 342 était porté par camions au bois la Ville près de Verdun ; le 16 aout, il était aux premières lignes devant la crète Fleury-Thiaumond où il avait relevé le 'e mixte Zouaves et Tirailleurs. 

Le 23 aout 1916 restera la journée la plus glorieuse de l'histoire du 342e. Le régiment n'a vécu que de souffrances et de sacrifices ; le plus souvent en réserve quand les régiments voisins remportaient des victoires, son rôle consistait à conserver en les organisant les conquêtes des autres. Il y subissait les plus violentes réactions de l'ennemi et demeurait sans gloire malgré l'équivalence de ses pertes avec celles de ses voisins plus heureux.

Donc, ce 23 aout 1916, la bataillon Pauly est chargé de conquérir la fameuse crête Fleury-Thiaumont, particulièrement importante à conserver pour cacher à l'ennemi le Ravin des Vignes d'où partira plus tard l'attaque qui délivrera Douaumont. Durant quatre heures, notre artillerie fit excellente besogne ; les 155, visibles à l'oeil nu, s'abattaient drus sur les positions allemandes, bien autrement organisées que nos trous individuels.
A 17h30 les lieutenants Chaumont, Mouzon et Broussaud s'élancent avec la première vague d'assaut de leurs compagnies respectives ; tout le reste du bataillon les suit en deux autres vagues. les hommes enthousiasmés par la belle préparation d'artillerie y vont de tout leur coeur, malgré quelques pertes sensibles (commandant Pauly et lieutenant Broussaud tués). A 18 heures, la crête est conquise et l'on s'y organise fièvreusement avant le crépuscule. Le sous-lieutenant Gaudeboeuf et son peloton de mitrailleurs occupent l'extrémité du saillant formé par la nouvelle ligne française et le défendent contre plusieurs tentatives de grenadiers ennemis. En blessés, les pertes sont de 255 hommes, chiffre sensiblement égal au nombre de blessés capturés.

Historique du 342ème Régiment d'Infanterie
(voir lien ci-dessous)

 

Documents et sources

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