Pour la fête votive, le père voulait offrir un lièvre à ses invités. Tout à coup il vit Flambel s’avancer prudemment, comme s’il marchait sur des épines, tous les poils hérissés. La raison en fut vite comprise, mais le chasseur surpris n’avait pas le temps de changer le calibre de ses munitions. Déjà la laie fuyait, entrainant sa troupe. Deux coups retentirent et deux marcassins firent la culbute. Le chien avait pris la mère en chasse et cela avait donné au père le temps de charger son fusil de gros calibre au cas où la laie reviendrait pour défendre ses petits. Elle ne le fit pas et les aboiements du chien se perdirent au loin.
Ce qui fait que le père ramassa ses marcassins et rentra à la maison, sans Flambel, qu’il avait pourtant bien sifflé, mais sans résultat.
Tard le soir, Flambel n’était toujours pas rentré.
- La laie me l’aura étripé, se disait tristement le père.
Nous allions faire la prière, juste avant d’aller nous coucher. J’entendis un petit grattement à la porte.
- Le voilà, dit le père, qui lui ouvrit aussitôt.
Tête et oreilles basses, le pelage taché de sang, il s’avança doucement. De suite, genou en terre comme un vétérinaire, le père le palpa, l’examina de près. Son rire nous rassura :
- Figurez-vous ! Regardez ce ventre de sénateur ! Il s’en est mangé un tout seul, quel goinfre !
Il lui donna une caresse sur le dos en lui souhaitant bonne digestion, et le chien se colla à la porte pour sortir. Avant de rejoindre ses quartiers de nuit, il vient réclamer mon affection comme d’habitude.
Nous étions tous bien contents de le voir rentrer. On finit de faire la prière, au cas où…