Le cantonnier, sans trop se presser, cahin-caha, retourna à son travail, après ses aventures de la veille …
Vers le grand virage, il avait remarqué des passages tout frais. Un sanglier venait de passer en retournant à sa bauge, dans le bois de Rauzas. Après cette découverte, Ambroise retourna rapidement au village. Il se présenta à la forge pour aller chercher le père. Celui-ci déclina l’invitation, non pas que l’envie lui manquait, mais par crainte de ce que dirait la mère.
« Dis-moi où aller prendre tes munitions de gros calibre, et compte sur moi pour endormir la Léonie. »
Sur ce, Ambroise se présenta à la maison, et semblant tout penaud, il expliqua à la maire qu’il avait cassé son fusil et que le Léon lui prêtait le sien, et aussi les cartouches du bon calibre qui n’étaient pas les mêmes que celles de son fusil. Ce qui fait qu’il repartit avec tout ce qu’il fallait.
Mais, à la mi-journée, la Léonie cherchait son Léon partout. Le père s’était envolé. Une voisine lui dit tout : Ton Léon, il est parti à la chasse avec l’Ambroise Lapeyre.
En rentrant de l’école, nous avons trouvé la maman très fâchée, mais pas tant contre le papa que contre l’Ambroise qui l’avait trompée de belle manière.
Et voilà que vers 15 heures, nos deux chasseurs rentrèrent au village en portant fièrement le sanglier sur une perche. La bête était énorme. Le père la découpa et chaque famille eut un beau morceau pour la gouter. Le savetier fit une bonne provision de soies pour les pointes de ses ligneuls.
Le Lapeyre, pardi, n’échappa pas à un bon savon. Il baissa les épaules et laissa pleuvoir le temps qu’il fallait. Tout compte fait, il reconnut qu’il ne l’avait pas volé et il s’y attendait plus ou moins.
Enfin, sur les 5 heures, l’orage s’étant éloigné et le travail terminé, nos deux « nemrods », fiers en en verve, s’attablèrent pour casser la croute.
Entre nous, bons joueurs, nous devions reconnaitre qu’ils ne l’avaient pas volé non plus.