Un de ses enfants, le Roger, et moi, avions eu une nouvelle idée pour nous amuser : Une par une, nous avions attrapé les poules qui picoraient dans le pré. Vous savez comment on fait : la tête sous l’aile, quelques tours en l’air, et les pauvres bêtes étourdies s’endormaient ou faisaient semblant. Nous avions mis toutes les nôtres à dormir sous des récipients dans la fraicheur de la grange. Pour finir de leur couper la lumière, nous avions mis des poignées de paille de seigle tout autour des récipients. Les pauvres, quand elles se réveillaient, se trouvant dans le noir, ne disaient plus rien.
Il ne restait plus que cet imbécile de coq qui faisait un peu de tapage pour se laisser attraper et endormir. Il se débattait, poussait des cocoricos sonores. La Mélanie eut l’impression que quelque chose se passait mal dans le poulailler. Elle dit à son homme : « Philippe ! Prends le fusil, je crois que l’aigle m’attaque les poules ! » Le Philippe, fusil à la main, fit le tour du poulailler : pas de poules, ni de coq, ni d’aigle, ni de renard. Que diable se passait-il ?
Et nous nous sommes trahis. Dans notre cachette, nous n’avons pas pu nous retenir de rire. « Que faites-vous là, vous autres ? Où sont les poules ?» Et sans attendre la réponse, d’un grand coup de pied, il renversa un récipient, puis un autre, et encore un autre. Toute la volaille délivrée d’un coup fit un joli remue-ménage !
Pin ! Pan ! Le Roger s’est reçu une bonne paire de calottes, le pauvre ! « Et toi, fous moi le camp ! » Je pris la direction de la porte, sans me faire prier. Comme je sortais : « Tè ! Va raconter cela à ton père, le forgeron ! »