Ceci aurait pû tourner au vinaigre, il en manquait de peu ! Un jour, un car plein de touristes s'arrêta devant chez nous. Le chauffeur vint nous demander de l'eau pour le radiateur. Lui et le père rentrèrent dans la maison. Moi, j'étais assis sur un banc, à côté de la porte, en train d'observer le car. Un des touristes, complétement chauve et d'humeur à rire, me demanda pour me faire parler :
« Petit, y a-t-il beaucoup de vignes sur le Causse Méjean ? » Les autres, dans le car, riaient sous cape. Je voyais bien que l'on se moquait de moi et de mon pays. Piqué au vif, je ne réfléchis pas la réponse, qui sortit d'un coup : « Il y en a autant que de cheveux sur votre caillou ! »
Et là par exemple, les rires explosèrent dans le car. Le père arriva rapidement. Il me soupçonna d'avoir sorti quelque bêtise ou insolence : « Rentre à la maison ! »
Je me dis qu'il n'allait pas tarder à pleuvoir. Mais non ! L'orage ne vint pas ! Et c'est le chauve qui m'en a préservé, en disant : « Je l'ai attaqué, il a répondu, nous sommes quittes, laissez-le … »
Le car s'apprêtait à partir et le père se fit donner des explications. Comprenant mieux et pour clore l'incident : « Ca passe pour cette fois, mais fais attention !... »