Le père était rentré de la chasse, pas content du tout ! Son furet avait étranglé un lapin dans son terrier et s’était installé fièrement à côté de ses provisions. On l’avait surveillé de près pendant trois jours. Aussitôt qu’il entendait un peu de bruit, le gredin s’en retournait dans sa cachette et nous laissait bien attendre.
A la fin, le père se fabriqua une sorte de ratière un peu plus grande que les autres. Pour l’attirer dedans, le père y avait placé une langue de lapin, ce qui était ce que le furet préférait. Et un matin, on l’a trouvé dedans et on l’a ramené à la maison. C’est moi qui héritai du nouveau piège avec lequel j’allais me distinguer.
Je le plaçai dans la cave où se promenaient de gros rats. Deux jours après, ma caisse avait fonctionné. Voyant au poids que la prise était importante, je la portai à la forge :
- Regarde comme c’est lourd, Papa, je suis sûr que j’ai attrapé un gros rat !
- Allez, on va le noyer.
Je laissai tomber ma caisse dans l’eau froide du baquet. Aussitôt en sortit un lugubre miaulement qui m’étonna.
- Imbécile, tu es en train de noyer la chatte de la maman ! Tu vas l’entendre !
Je me dépêchai de sortir la caisse et de l’ouvrir pour délivrer la prisonnière. En sortit un animal effarouché et tout trempé qui s’enfuit en trois bonds. C’était la chatte de l’Ernestine, qui se dépêcha d’aller retrouver sa maitresse. Mon piège disparut dans la réserve à charbon et on attendit la réaction.
- Oh, ma pauvre minette, tu es toute trempée ! Léon ! Léon ! Ce n’est pas raisonnable, qu’avez-vous fait à mon chat ?
Le père sortit à la porte de la forge.
- Qu’y a-t-il, Madame Avesque ? Que se passe-t-il ?
Il fit l’étonné, il n’avait rien vu, ce ne pouvait pas être lui qui s’amusait à baigner la chatte de la voisine. Non, il était totalement innocent, sans aucun doute !
Puis, tous les deux, nous avons bien ri ! Mais nous n’avons plus jamais sorti cette ratière à chats, elle a été cachée dans le grenier de la maison et je crois qu’elle n’a plus jamais servi.
Je me suis demandé quelquefois quel tapage cela aurait fait à la maison si par malheur on avait attrapé la chatte de la maman …