Un arbre en Lozère ... et ailleurs

L'aven de la Cabanèla

Le 26/03/2023 0

Dans Armand del Fabre

Retour sur les histoires d'Armand del Fabre. L'occasion pour moi de me replonger dans les traductions après une absence de quelques mois. Il reste à publier des anecdotes sur quelques avens du Causse Méjean, mais également sur la faune et la flore. 
Histoires toujours autant pleines d'humour et de tendresse pour cette contrée, vue au travers les yeux d'un "grand enfant" dans la première moitié du 20ème siècle.

Pas plan luènh de Drigàs, dins la proprietat de mos cosins Avesque, se duèrb aquel trauc de la Cabanèla. Quand lo coneguèri, èra practicament acomolat. Los païsans de totas las generacions passadas avian trobat aqui una descarga plan comòda e i avian acuolat de tòmbarels de pèiras sortidas de lors camps. Mas dabans èstre comolat, pareis qu’un buòu qu’èra a paisser s’aventurèt tròp a son abroa e i limpèt dedins. Un bramal tèrrible derevelhèt lo pastre que comprenguèt tanlèù lo malastre qu’èra arribat. Lo patron foguèt intractable : metèt a la porta son vailet e i retenguèt las convenenças per se refar de sa pèrta.

Es la mamà que me contèt aquela anecdòta.

En una certana annada li ajèt una nèu abondosa, seguida d’un gèl a asclar las pèiras ; puèi venguèt aqui dessus de gròsses pluèjas. La tèrra gelada en prigondor poguèt pas beure tota aquela aiga que inondèt lo fons de nòstres sòts, virats en lacs. E a l’Aven de la Cabanèla la massa d’aiga trabalhèt lo fons de tota aquela riblonalha entassada dins la trauc et lo tot s’enfoncèt de qualques mèstres.

Pas très loin de Drigas, dans la propriété de mes cousins Avesque, se trouvait ce trou de la Cabanelle. Quand je l’ai connu, il était pratiquement bouché. Les paysans de toutes les générations passées y ont accumulé des tombereaux de pierres sorties de leurs champs. Mais avant d’être bouché, il parait qu’un bœuf qui passait là, s’était aventuré trop près de son bord et avait glissé dedans. Un terrible meuglement réveilla le berger qui comprit aussitôt quel malheur était arrivé. Le patron fut intraitable : il mit son valet à la porte et lui retint son salaire pour compenser sa perte.

C’est maman qui m’a raconté cette histoire.

Une certaine année, il y avait eu une neige abondante, suivie d’un gel à fendre les pierres ; puis arrivèrent ensuite de grosses pluies. La terre gelée en profondeur ne put pas boire toute cette eau qui inonda le fonds de nos sotchs, transformés en lacs. Et à l’Aven de la Cabanelle, la masse d’eau ravina le fond de tous les gravats entassés dans le trou et le tout s’enfonça de quelques mètres.

Où se situe l'aven de la Cabanelle ?

Effectivement, pas très loin de Drigas ... Je n'en connais pas l'entrée, bien que j'ai rayonné le coin en long, en large et en travers ! Ceci dit, étant maladivement claustrophobe, l'idée même de le chercher ne m'avait même pas effleurée.

En farfouillant sur différents sites de spéléologie, on trouve quelques renseignements, même une carte de son développement. Bigre ! Il descend jusqu'à -330 m de profondeur, rien que d'y penser, j'en ai des frissons ...

Les premières descentes font mention de centaines d'ossements dans les premiers niveaux. C'était la manière de se débarrasser du bétail mort à l'époque, il n'y avait plus de vautours et pas de service d'équarrissage. Peut-être parmi ces ossements figurent ceux du pauvre boeuf évoqué plus haut !

Il semble aujourd'hui bien exploré et fait l'objet de nombreuses sorties spéléo. Sur la vidéo ci-dessous, on apprend que l'éboulement dont il est fait mention dans l'histoire a été évacué et le conduit sécurisé. 

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